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THÉÂTRE OCCIDENTAL L'École du spectateur

Une pratique protéiforme

L'école du spectateur se construit à la fois en amont et en aval de la représentation théâtrale. En amont, la préparation peut comporter une visite du lieu théâtral, une rencontre avec les artistes, l'analyse des documents inhérents au spectacle, des recherches sur le contexte historique de la pièce, le décryptage des esthétiques – autant d'initiatives qui visent à procurer aux élèves une meilleure capacité d'ouverture et de réception ; en aval, on propose un débat après le spectacle, des remémorations collectives de la représentation, des analyses critiques et des pratiques artistiques, telles qu'ateliers d'écriture et ateliers-théâtre. En 1996, Dominique Bérody crée l'événement en mettant en place, en partenariat avec les théâtres, six résidences d'auteurs en Bretagne et en Pays-de-Loire afin de créer un répertoire de pièces pour le jeune public, tout en réfléchissant à l'accueil des jeunes spectateurs au C.D.N. de Sartrouville. L'année suivante, Brigitte Lallier-Maisonneuve (théâtre Athénor de Saint-Nazaire) et Dominique Ermine (médiathèque de Guérande) imaginent les valises-théâtre, un choix de livres qui circule dans les écoles. Ce dispositif se développera ensuite sur tout le territoire. Geneviève Lefaure, directrice de l'Espace 600 à Grenoble, résume sur son site l'essence de l'école du spectateur : « On ne naît pas spectateur, on le devient. » Pour ce faire, l'école du spectateur propose aux enfants l'appropriation de l'œuvre artistique, le partage de la représentation et l'analyse critique du spectacle. La rencontre avec les artistes est un moment clé où les enfants peuvent poser des questions et apprendre sans didactisme à se forger une analyse critique. Des ateliers de pratique artistique pérennes ou en relation avec un spectacle enrichissent ces actions. Les formations d'enseignants et de bibliothécaires se font plus nombreuses, tandis que les établissements culturels structurent leurs propositions en relation avec leur programmation : stages, parcours théâtre, répétitions publiques, conférences, se multiplient et concernent bientôt la danse, l'art lyrique, le patrimoine, le théâtre de science, l'art du clown, la marionnette, l'art contemporain, le cinéma, les nouvelles technologies... Dans une perspective voisine, les prix Sony Labou Tansi pour les lycéens ou Collidram pour les collégiens cherchent à faire lire les auteurs contemporains, à les analyser, à les défendre face à d'autres classes, développant ainsi leur connaissance des écritures d'aujourd'hui, leur faculté critique, les techniques d'argumentation et favorisant l'expérience d'une aventure collective. Des résidences d'artistes mises en place au sein même de l'école ont pu déboucher sur des écritures dramatiques ou des spectacles.

Des chartes de l'école du spectateur sont en cours d'élaboration et de signature sur le territoire entre les différents partenaires : D.R.A.C., conseils généraux, mairies, structures culturelles, établissements scolaires. Elles identifient des objectifs communs tels que les échanges entre les équipes artistiques et les publics, les parcours spectacle, le partenariat artiste-enseignant et l'éducation artistique des publics. Elles ne manquent pas également de souligner la nécessité d'une évaluation, non encore modélisée, qui inscrit cette démarche sous le signe néolibéral de la rentabilité.

Si sur le terrain les actions sont de plus en plus nombreuses et concertées, si les structures culturelles se dotent d'artistes-animateurs bien formés et titulaires du diplôme d'État d'enseignement du théâtre, il faut noter également qu'il est nécessaire d'enrayer le relatif échec de la démocratie culturelle et de gagner au théâtre « les non-publics[...]

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