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THÉÂTRE OCCIDENTAL Le mélange des genres

Depuis ses origines, le théâtre occidental s'est nourri d'apports artistiques dont la synthèse unique contribue à son identité. Dans l'Antiquité, le théâtre grec est un spectacle total. L'expression des tragédies et des comédies anciennes repose alors autant sur la musique et les formes spectaculaires que sur le texte lui-même. À travers le temps, certains courants ont suscité l'évolution de cette fusion des arts, devenue plus lisible à différentes périodes : dans l'intégration d'expressions picturales constitutives de l'illusion, liées à l'utilisation de la perspective du théâtre à l'italienne ; ou encore de la Renaissance à la fin du xviiie siècle, avec le développement de la comédie-ballet mêlant danse, musique et chants à l'action dramatique. Au xxe siècle, l'apparition du cinéma utilisé à partir des années 1920 dans la représentation théâtrale marque une autre étape dans cette démultiplication de l'espace scénique. Aujourd'hui, dans le désir d'échapper aux formes reconnues pour engager son renouvellement, le théâtre bouscule à nouveau les conventions et recourt de plus en plus aux autres arts : cinéma, danse, cirque, arts plastiques et nouvelles technologies. Si ces arts s'affirment dans leur spécificité, il n'existe pas entre eux de frontière intangible et ils s'influencent mutuellement.

La scène et les écrans

Depuis l'apparition du septième art, l'influence du cinéma au théâtre s'est manifestée de différentes manières : intégration d'images projetées sur la scène, contribution à l'évolution de la construction et au rythme de la mise en scène, implication constitutive dans l'écriture dramatique. Historiquement, la référence principale à la première de ces manifestations se situe en 1923, avec la mise en scène de La Terre cabrée, d'après La Nuit de l'auteur français Marcel Martinet, par Vsevolod Meyerhold. Celui-ci utilise des projections d'images et de textes sur un écran suspendu, afin d'introduire une expression du réel dans une relation nécessaire avec l'actualité de la pièce. Par la suite, Meyerhold projette des films, réalisés parfois spécialement à sa demande, dont l'utilisation correspond à ses recherches en vue de l'élaboration d'un nouveau langage scénique. En Allemagne, Erwin Piscator utilise d'abord des projections pour Drapeaux (1924), puis intègre des réalisations filmiques accompagnant ou prolongeant l'action dramatique pour la création de Malgré tout (1925) et de Raz-de-marée (1926). Le rappel de ces deux pionniers est nécessaire à double titre. Il relativise la notion de modernité et d'innovation accolée parfois sommairement à la présence d'images de cinéma dans le théâtre contemporain ; et rétablit une référence souvent évoquée par une nouvelle génération de metteurs en scène. De Peter Sellars à Robert Lepage ou Giorgio Barberio Corsetti, les exemples de cette filiation ne manquent pas. Si les écrans traditionnels ont fait place le plus souvent à ceux de moniteurs, dont l'apport technologique autorise une grande rapidité de rythme ou de rupture dans la simultanéité des images produites, la révolution la plus marquante se situe dans l'utilisation de la vidéo, également adoptée par certains réalisateurs de cinéma. Ses images, lorsqu'elles sont bien dosées et utilisées, favorisent un renouvellement du vocabulaire théâtral. Captations en direct avec caméra sur le plateau, images enregistrées ou de synthèse permettent, dans une relation expressive et de proximité avec les comédiens, d'explorer un « hors champ » signifiant et complémentaire à la représentation, ou encore de créer un paysage mental à destination du spectateur.

En 1994, pour sa création du Marchand de[...]

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Médias

<em>Les Damnés</em>, I. van Hove - crédits : Anne-Christine Poujoulat/ AFP

Les Damnés, I. van Hove

Pina Bausch - crédits : N. Stauss/ AKG-images

Pina Bausch

<it>Au revoir parapluie</it>, J. Thierrée - crédits : J.-L. Fernandez

Au revoir parapluie, J. Thierrée

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