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THÉÂTRE OCCIDENTAL Théâtre et politique culturelle

La relance

Lorsque les socialistes arrivent au pouvoir en 1981, ils sont décidés à donner une forte impulsion à la politique culturelle, en commençant par étoffer significativement le budget mis à son service : les crédits de la Culture doublent à peu de choses près dès 1982, et ceux du théâtre augmentent de plus de 80 p. 100 (les seules dépenses de fonctionnement passent de 271 millions de francs à 503 millions en 1982, et à plus de 590 millions en 1983). Au-delà d'une restauration rendue indispensable par une douloureuse cure d'austérité qui durait depuis 1977 et qui menaçait d'asphyxier définitivement toute ambition d'une politique publique digne de ce nom, des moyens nouveaux étaient donnés aux institutions, aux compagnies, à la formation, à l'équipement des salles de spectacles.

Sur le fond, Jack Lang, nommé ministre de la Culture, assume la double succession de Jacques Duhamel et de Michel Guy. Il complète le réseau de la décentralisation en province et en banlieue parisienne, accompagne l'extraordinaire développement des compagnies indépendantes et du jeune théâtre, tout en affichant un souci attentif de l'enseignement (étendu aux arts du cirque et le la marionnette) et de l'éducation artistique (une étroite collaboration avec le ministère de l'Éducation nationale aboutit à la prise en compte du théâtre dans les cursus scolaire et universitaire). Comme Michel Guy, Jack Lang se veut d'abord le ministre des artistes et le promoteur de la création, tandis qu'il procède à la réforme des maisons de la culture, dont il n'est pas un fervent admirateur et dont il laissera dissoudre l'identité en 1991 dans le réseau des scènes nationales.

Cette nouvelle politique a en même temps pour objectif d'inciter le théâtre à se réformer lui-même : des mesures nombreuses et convergentes sont mises en place en faveur de l'écriture dramatique, dangereusement négligée depuis une quinzaine d'années ; diverses incitations suggèrent au théâtre privé – mieux aidé désormais – et au théâtre public de chercher des occasions de collaborer ; des aides aux projets – par définition ponctuelles et mieux orientées – sont imaginées pour dissuader les compagnies de rechercher des concours automatiques de l'État, etc. Ne pouvant ni ne devant rien imposer, l'administration suggère ainsi des rééquilibrages à tenter, des initiatives à prendre, des changements à introduire dans les comportements.

Mais, plus que ce travail sérieusement accompli, l'opinion a retenu de l'action du nouveau ministre le brio avec lequel il l'a fait connaître. Voilà mise en lumière, du même coup, une nouvelle composante possible, et peut-être capitale, d'une politique culturelle : sa capacité à se populariser et, par voie de conséquence, à convaincre et à contaminer, pour ainsi dire, d'autres décideurs, qu'il s'agisse des départements ministériels ou, surtout, des diverses collectivités territoriales. Ce pouvoir de persuasion, brillamment exercé, a conduit villes et régions à définir ou à renforcer leurs interventions en faveur du spectacle vivant, en acquérant un sens de la neutralité et une ouverture d'esprit qu'on leur connaissait moins dans le passé. Il faut dire que la déconcentration progressive des moyens du ministère de la Culture et le renforcement de ses directions régionales ont fortement contribué à ce résultat, acquis au milieu d'une période de crise économique.

Il est moins sûr, en revanche, que la gestion socialiste de la Culture au cours des septennats de François Mitterrand ait toujours réussi à protéger le théâtre des prétendues lois du marché : vedettariat, explosion des coûts, tentations ou fantasmes du marketing, qui considère comme des produits rentables les créations du spectacle vivant, rôle croissant[...]

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Écrit par

  • : agrégé des lettres classiques et docteur ès lettres, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-X-Nanterre

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Média

André Malraux - crédits : Bettmann/ Getty Images

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