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THÈBES DE BÉOTIE

La déchéance

La mort d'Épaminondas rabaisse aussitôt Thèbes au rang d'une puissance secondaire. Elle cherche à établir son autorité sur ses voisins phocidiens dans la troisième guerre sacrée (356-346), mais elle ne peut la finir, après bien des vicissitudes, qu'en faisant appel à Philippe de Macédoine, trop heureux d'intervenir dans les affaires helléniques. Elle a rétabli sa prépondérance dans la Grèce centrale, mais en commettant une énorme imprudence.

Dès 340, les initiatives dynamiques du Macédonien la forcent à se rapprocher d'Athènes. En 338, Démosthène la persuade de se joindre à Athènes contre le roi : les deux cités alliées sont complètement défaites en Béotie à Chéronée. Philippe, modéré, se contente de priver Thèbes de son hégémonie sur la Boétie. Mais, après s'être dotée d'une vaste enceinte fortifiée de sept kilomètres de tour, qui englobe pour la première fois la ville basse, elle se révolte contre Alexandre. Elle est prise et rasée à la seule exception de la maison de Pindare et des temples (335).

Thèbes n'est plus désormais qu'une ville sans importance. Elle peut néanmoins se relever de ses ruines grâce à un édit du roi Cassandre (316) : Pausanias décrit son agora, son théâtre, ses gymnases, son stade, son hippodrome. En 287, Démétrios Poliorcète lui rend son autonomie, c'est-à-dire lui redonne le statut de cité. Elle est alors un enjeu pour les ambitions rivales des rois et des ligues. Cependant on constate une renaissance de son agriculture et un essor de son commerce (détail significatif : elle a un proxène à Carthage). Une atmosphère novatrice est perceptible depuis les Bacchantes d'Euripide, la dernière pièce du tragique qui met en scène les femmes de Thèbes célébrant dans les halliers du Cithéron des cérémonies nocturnes au cours desquelles s'accomplissent les sacrifices par déchirement de la victime et la manducation de la viande crue des animaux de la forêt. Un vase exhumé dans le Cabirion de la cité montre un Dionysos Cabire entouré de figures orphiques : étranges syncrétismes. D'autres exemples montrent un renouvellement de l'imaginaire : un philosophe cynique, Cratès de Thèbes, parcourt les rues de la ville drapé dans des haillons ; un sculpteur, Myron de Thèbes, crée une vieille ivrognesse flétrie par la débauche, aux antipodes de la beauté idéale de l'art classique.

La fin de la cité un temps si glorieuse est proche. Elle tombe en 146 sous les coups des Romains, ses remparts sont abattus et la confédération béotienne dissoute. Révoltée contre Rome lors de la guerre de Mithridate qui fait briller pour bien des Grecs l'espoir de la liberté, elle est durement châtiée par Sylla. Lorsque Pausanias la visite, seule sa citadelle est encore habitée.

— Pierre LÉVÊQUE

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Grèce : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce : carte administrative

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