THÈME, linguistique
S'il se fait un large accord parmi les linguistes pour dissocier le plan sémantique et le plan formel, concernant l'analyse en constituants de la phrase, il reste néanmoins des cas où le recours au sens paraît difficile à éviter : ainsi, à côté du couple de termes sujet/prédicat qui s'applique aux fonctions traditionnellement admises pour décrire les rapports profonds entre groupes dans la structure de base, on peut, au niveau le plus superficiel, celui de l'énoncé réalisé, se donner le couple qui lui est souvent superposé, celui de thème/propos. En termes formels, on dira que le thème est le syntagme nominal le plus à gauche immédiatement dominé par le symbole P (phrase) dans la structure de surface (le reste de l'énoncé s'appelle « propos »). Ainsi, un même syntagme peut être complément si l'on considère la structure profonde et thème si celle-ci a subi, par exemple, la transformation passive (« Le rat a mangé le fromage »/Le fromage a été mangé par le rat »). La notion de thème est importante pour un genre de transformation d'emphase consistant à détacher un élément de la structure qui portera l'accent, comme les thématisations du type « Un chien, ça mord » ou « C'est la mort qui console ». Il existe des cas où le thème et le sujet ne coïncident pas, comme on peut s'en rendre compte d'après des schémas de phrases symétriques, du type « Einstein est le père de la relativité »/« Le père de la relativité est Einstein » ; il faut bien que le sujet soit le même dans les deux structures profondes, selon la définition même que nous nous sommes donnée ; et, par conséquent, dans l'un des deux schémas, il est une fois en position d'attribut. Le test discriminant qui permettra de repérer le sujet sémantique est la thématisation : alors qu'on peut dire « C'est Einstein qui est le père de la relativité », l'ordre inverse « C'est le père... » est impossible ; comme le présentatif « c'est... qui » encadre nécessairement le sujet logique (contrairement à « c'est... que », qui encadre l'objet ou l'attribut), on repère de façon non ambiguë le syntagme qui, dans la profondeur, est le plus à gauche du syntagme verbal.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert SCTRICK : assistant à l'université de Paris-X
Classification
Autres références
-
ACTANT
- Écrit par Robert SCTRICK
- 455 mots
Si l'on récuse comme entachée de mentalisme l'opposition entre sujet (ou thème) et prédicat, véritable fourre-tout auquel on peut notamment reprocher d'aplanir les reliefs de la structure, on est conduit à remanier la description des rapports formels qui lient les différents éléments d'une phrase....
-
ÉNONCÉ, linguistique
- Écrit par Catherine FUCHS
- 1 329 mots
En linguistique, un énoncé peut être défini comme une séquence orale ou écrite résultant d'un acte d'énonciation, c'est-à-dire produite par un sujet énonciateur dans une situation donnée. En français, la phrase minimale comporte nécessairement au moins un sujet et un verbe conjugué....
-
FONCTIONNALISME, linguistique
- Écrit par Catherine FUCHS
- 1 542 mots
...Vilem Mathesius (A Functional Analysis of Present Day English on a General Linguistic Basis, 1961), cette approche distinguait au sein de la phrase les constituants (ou « thèmes ») qui rappellent au destinataire une information déjà donnée par le contexte ou la situation, et ceux (appelés « rhèmes ») qui... -
LANGUES TYPOLOGIE DES
- Écrit par Loïc DEPECKER
- 8 350 mots
...SVO (Greenberg), sur celui verbe/actants/circonstants (Tesnière), un dernier couple s'avère important pour caractériser les structures d'énoncé, celui de thème/rhème. Ce dernier consiste à essayer de délimiter le non-prédicat (thème ou sujet) par rapport au prédicat (élément de type verbe et ses compléments)....