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HERZL THEODOR (1860-1904)

L'engagement sioniste

En février 1896 paraît à Vienne Der Judenstaat (L'État des juifs). Le sous-titre, « Tentative de solution moderne à la question juive », résume parfaitement le propos de Herzl : l'irréductibilité de l'antisémitisme exige une réponse politique globale qui passe par l'établissement d'un État juif, par immigration des juifs de diaspora et sous égide internationale. La force de l'ouvrage tient tout entière dans cette proclamation nationale qui allait à l'encontre de l'idéal d'intégration des juifs dans les pays hôtes, défendu tant par les notables juifs que par les autorités religieuses en Europe occidentale. D'où l'accueil froid, sinon franchement hostile, que son ouvrage rencontra d'emblée à Vienne comme à Paris. La réaction fut tout autre en Europe orientale. Certes, là aussi, son projet fut dénoncé aussi bien par la plupart des rabbins, qui rejetaient les prétentions politiques du sionisme, que par les partisans du Bund, qui prônaient, pour les juifs en diaspora, l'autonomie culturelle associée à la révolution sociale. Mais Herzl trouva un écho favorable dans une partie des masses juives au sein desquelles était apparu, depuis les années 1880, le mouvement des Amants de Sion qui défendait le retour des juifs sur la Terre d'Israël et œuvrait à l'édification de villages voués à être les fondements d'une société juive autonome. Des centaines d'associations avaient été créées dans l'Empire tsariste pour soutenir ce mouvement, au nom duquel environ dix mille juifs s'étaient installés en Palestine. Herzl ignorait tout de cette effervescence au sein du judaïsme russe qui lui prodiguera le soutien populaire dont le sionisme, mouvement politique jeune, dynamique et en rupture avec les idéologies dominantes dans le monde juif, avait tant besoin.

S'il y avait, donc, avant Herzl, des aspirations sionistes, il n'existait pas de projet politique cohérent. Ce dernier est son œuvre. En août 1897, Theodor Herzl réunit à Bâle le congrès fondateur de l' Organisation sioniste mondiale, qui rassemble les juifs favorables à la création en Palestine d'un foyer national. Elle se dote ultérieurement de deux organes, l'un financier, la Banque coloniale juive, l'autre foncier, le Fonds national juif, chargé d'acquérir des terres. En s'appuyant sur cette organisation, Herzl entend faire de la création d'un État juif une question politique internationale. Il ne croit pas à la tactique de grignotage territorial mené par les Amants de Sion – qu'il qualifiait d'infiltration. Au contraire, il s'emploiera sans relâche à introduire le sionisme sur la scène internationale. D'où la véritable boulimie diplomatique qui le conduit de Rome à Londres et de Constantinople à Saint-Pétersbourg pour tenter d'obtenir l'appui bienveillant des grandes puissances. Dans un premier temps, de 1896 à 1902, il consacre tous ses efforts à convaincre l'Empire ottoman, alors maître de la Palestine, d'élaborer une charte précisant les droits et les devoirs des immigrants juifs. Ses cinq voyages à Constantinople, qui lui permirent même de rencontrer le sultan, ne débouchèrent sur rien de concret. Après cet échec, Theodor Herzl se mit en quête d'un soutien européen. Dès le début de ses tournées diplomatiques, il avait songé à s'attirer les bonnes grâces de l'Allemagne. Il rencontra même, en novembre 1898, l'empereur Guillaume II lors de son unique voyage en Terre sainte, voyage qui lui laissera une mauvaise impression tant des colonies juives que de Jérusalem. Il n'obtiendra rien de Berlin, pas plus que de Saint-Pétersbourg où il présente aux responsables russes l'émigration des juifs comme un moyen de les décharger d'un problème intérieur. En revanche, les[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique, directeur de recherche CNRS, CERI-Sciences Po

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Theodor Herzl - crédits : Imagno/ Hulton Archive/ Getty Images

Theodor Herzl

Autres références

  • ISRAËL

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  • JUDAÏSME - Histoire du peuple juif

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