MOMMSEN THEODOR (1817-1903)
Historien allemand de l'Antiquité, Theodor Mommsen est originaire de l'État du Schleswig-Holstein, où son père était pasteur. Il reçut chez les siens une excellente éducation littéraire. Sujets danois, les Mommsen étaient allemands d'origine et de cœur. Theodor Mommsen, dès son adolescence, deviendra, comme la génération romantique de son pays, un ardent patriote allemand. Il fit ses études au gymnase d'Altona, puis à l'université de Kiel, où il étudia philologie, histoire et droit. Remarqué pour ses travaux, il obtint une bourse pour un voyage en France et en Italie.
Le grand érudit italien D. Borghesi lui conseilla de rassembler les inscriptions de l'Italie du Sud. Mommsen consacra deux ans de sa vie à une quête infatigable menée sur place et publia plusieurs livres sur les inscriptions dialectales osques (Oskische Studien, 1845), marses (Iscrizioni marsi, 1846), messapiennes (Iscrizioni messapiche, 1848), sur les dialectes de l'Italie méridionale (Unteritalische Dialekte, 1850). C'était là déjà l'œuvre d'un grand philologue.
En 1848, il était devenu professeur de droit civil à Leipzig, mais ses convictions libérales lui firent perdre sa chaire en 1850, alors que se manifestait un mouvement marqué de réaction. Professeur de droit en Suisse, à Zurich, en 1852 (il y publia les inscriptions de la Confédération helvétique), il trouva une chaire à Breslau en 1854. Chargé par l'Académie des sciences de Prusse de diriger la publication monumentale du Corpus inscriptionum latinarum, base actuelle de toute recherche épigraphique, il fut appelé à Berlin en 1858, où il enseigna l'histoire romaine à partir de 1861. En 1874, il devint secrétaire perpétuel de la section de philosophie et d'histoire de l'Académie de Prusse.
L'importance et le rayonnement de l'enseignement et de l'œuvre de Theodor Mommsen ont été considérables. Il était, à son époque, le maître incontesté dans des disciplines aussi diverses que la philologie, l'épigraphie, l'archéologie romaine ; toute une école fut formée par ses leçons. Un homme comme Camille Jullian, malgré sa défiance à l'égard de l'Allemagne et de ses professeurs, ne cachait pas son admiration pour lui et écrivait en 1883, alors qu'il suivait pour un temps son enseignement à Berlin : « M. Mommsen est peut-être le philologue auquel un texte ou un sujet peut suggérer le plus d'idées nouvelles ; sa pensée paraît en mouvement perpétuel ; elle ne se repose jamais, si bien que chaque travail de son séminaire est pour lui l'occasion, le motif de réflexions nouvelles sur un problème de la science de l'Antiquité [...]. On assiste à la formation, à la naissance d'un de ses articles, à la découverte par lui de quelque fait nouveau [...]. Son séminaire est extrêmement riche de révélations de toutes sortes, et ceux qui ont pu assister à de telles leçons oublieront difficilement ces heures de vie scientifique et d'enseignement intime. »
Mommsen laissa derrière lui une œuvre vraiment monumentale dont beaucoup de parties ont surmonté l'épreuve du temps. Son Histoire romaine (Römische Geschichte), qu'il a menée jusqu'à la mort de César, est une œuvre maîtresse ; publiée en trois tomes à Breslau, de 1854 à 1856, complétée par un dernier tome publié à Berlin en 1886, elle connut plusieurs rééditions et traductions en diverses langues. Le Droit public romain (Das römische Staatsrecht, 1871-1888) et le Droit pénal (Das Strafrecht, 1899) sont deux admirables synthèses. La seconde forme la contribution de Mommsen à l'important Manuel des antiquités romaines, que son ami J. Marquardt allait mener à bien. Il anime la préparation du Corpus inscriptionum latinarum, du Corpus juris civilis et d'autres entreprises scientifiques. Mommsen participe en même temps,[...]
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Écrit par
- Raymond BLOCH : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
Classification
Autres références
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- 797 mots
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ROME ET EMPIRE ROMAIN - Le Haut-Empire
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