THÉODORE GÉRICAULT ET LE ROMANTISME (repères chronologiques)
1812 Géricault présente au Salon Portrait de M. D***, dit aujourd'hui Officier de chasseurs à cheval chargeant (musée du Louvre). L'œuvre surprend par sa composition en diagonale et en profondeur, par la vigueur de la touche et du coloris, par l'ambiguïté du sujet, à la fois un portrait et un tableau de bataille, enfin par son format monumental.
1814 L'Officier de chasseurs à cheval chargeant est à nouveau exposé au Salon, avec en pendant le Cuirassier blessé quittant le feu (Louvre). Par ces deux portraits de soldats anonymes présentés ensemble, Géricault donne une image emblématique de l'histoire immédiate et de la chute de l'Empire, allant à l'encontre des codes traditionnels de la représentation des événements contemporains dans la peinture.
1816-1817 Géricault voyage en Italie. Si cette période est marquée chez lui par une étude approfondie de l'art classique, et si ses projets prennent une teinte plus traditionnelle (par exemple lorsqu'il envisage de traiter comme un bas-relief antique une scène de l'Italie contemporaine, le départ de la course de chevaux organisée à Rome pendant le carnaval), il reste cependant attaché aux sujets de son temps.
1817-1818 De retour à Paris, Géricault se consacre à la lithographie. Il exécute de nombreux sujets militaires, qui dénotent chez lui une inspiration plus explicitement politique. En peinture, il avait envisagé de traiter un fait-divers monté en scandale politique, l'assassinat du magistrat bonapartiste Fualdès.
1819 Géricault expose au Salon Scène de naufrage, appelé aujourd'hui Le Radeau de la Méduse (musée du Louvre). L'œuvre est bien accueillie par le public, mais n'est pas achetée par le gouvernement (elle le sera à la vente après décès de Géricault, lorsque l'évolution politique aura gommé ce qu'elle pouvait receler d'allusions trop critiques vis-à-vis du gouvernement de la Restauration). Géricault va l'exposer en Grande-Bretagne, notamment à Londres, en 1820, où elle rencontre un très grand succès.
1820-1821 Le premier séjour de Géricault en Angleterre marque une évolution dans son art qui anticipe de nombreux traits qui seront adoptés par la jeune école romantique : le goût pour la Grande-Bretagne, préférée à l'Italie, la représentation de la réalité contemporaine, sensible dans la série des douze sujets lithographiques publiés à Londres même dans la Suite anglaise, et jusqu'au goût pour les sujets animaliers sensible dans les nombreux tableaux (Le Derby d'Epsom par exemple), dessins et estampes de chevaux.
1822 Les portraits d'aliénés que Géricault exécute alors introduisent (La Folle, monomane du jeu par exemple) dans son œuvre, un réalisme presque scientifique dans la représentation comme dans le sujet de la peinture.
1823 Les deux derniers tableaux envisagés par Géricault, L'Ouverture des portes de l'Inquisition et La Traite des Nègres reviennent à une inspiration plus traditionnelle en matière de sujet historique, mais caractéristique, par leur portée libérale, des tendances politiques associées en partie au mouvement romantique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification