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DOBZHANSKY THÉODOSIUS (1900-1975)

Généticien et évolutionniste américano-russe dont l'œuvre a eu une grande influence sur l'interprétation scientifique et les recherches concernant la théorie évolutionniste.

Né à Nemirov (Ukraine) en 1900, fils d'un professeur de mathématiques, Théodosius Grigorievitch Dobzhansky a suivi les cours de l'université de Kiev de 1917 à 1921. Il y enseigna ensuite, puis vint à Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg). En 1927, Dobzhansky entra à la Columbia University de New York pour y travailler chez T. H. Morgan. Il l'accompagna au Californian Institute of Technology de Pasadena. Sollicité pour devenir professeur, Dobzhansky décida de rester aux États-Unis, prenant la nationalité américaine en 1937. Il retourna à Columbia en qualité de professeur de zoologie en 1940 et y resta jusqu'en 1962, puis entra au Rockefeller Institute. Il prit sa retraite à Davis (Californie).

De 1920 à 1925, des mathématiciens et des biologistes ont jeté les bases d'une théorie conciliant évolution darwinienne et génétique mendélienne. Dobzhansky s'intéressa, dès l'origine, à ce projet. Son livre Genetics and the Origin of Species (1937) fut la première synthèse sur ce sujet et institua la génétique évolutionniste en discipline autonome.

Jusqu'en 1930, le consensus était que la sélection naturelle garantissait le meilleur des mondes possibles, et que les changements n'étaient que rares et lents, imperceptibles à l'aune de la vie humaine et en accord avec la stabilité des espèces au cours de l'histoire. La plus importante contribution de Dobzhansky fut de modifier ce point de vue.

En observant des populations sauvages de Drosophila pseudoobscura, la mouche du vinaigre, il mit en évidence que, chez des populations locales de cet insecte, la fréquence de certains gènes variait de façon saisonnière : par exemple chez 40 p. 100 des individus au printemps mais chez 60 p. 100 à la fin de l'été. Rapportées à la durée de vie moyenne d'une génération chez ces insectes – un mois –, de telles variations étaient rapides. Elles impliquaient par ailleurs de grandes différences en matière de performance génésique. L'expérimentation devait montrer que des hybrides entre les deux groupes possédaient une durée de vie et une fertilité meilleures que celles des types purs. Il apparut ainsi que la vigueur des hybrides assurait la conservation des deux sortes de gènes caractérisant les populations pures.

Dobzhansky remarqua que l'apparition d'une modification génique était rare et avait peu de chances d'être transmise par les deux parents simultanément. Donc, au début, les seuls gènes « d'avenir », capables de se répandre largement dans la population, étaient ceux qui étaient « féconds » (good mixers), c'est-à-dire capables de créer de meilleurs génotypes en s'implantant dans le système génétique basal de la population.

Un système génétique de ce type peut changer rapidement en réponse à la sélection naturelle, lorsque les conditions environnementales sont modifiées. Parmi les myriades de génotypes apparus à chaque génération, il y en aurait donc qui supporteraient, en s'adaptant, le changement environnemental, et ceux-là laisseraient de nombreux descendants, de telle sorte que leurs gènes seraient plus répandus à la génération suivante.

Par contraste, selon l'ancienne conception de l'uniformité de la population, dans laquelle les variants n'apparaissent qu'exceptionnellement, il aurait fallu beaucoup plus de temps pour que les rares variants adaptés aux conditions nouvelles puissent prospérer et devenir très répandus. Ainsi, les populations locales de l'espèce en cause risqueraient de s'appauvrir numériquement et seraient menacées, par conséquent, d'extinction.

Un autre apport important de Dobzhansky[...]

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