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THÉODULF (750 env.-821)

Wisigoth d'Espagne réfugié en France, Théodulf, avant de devenir évêque d'Orléans, fut, avec Pierre de Pise, Paul Diacre, Paulin d'Aquilée, Agobard et le grand Alcuin, l'un des hommes d'Église sur lesquels Charlemagne s'appuya pour réorganiser l'enseignement dans ses États et pour y rétablir la discipline ecclésiastique. Mais, comme son compatriote Agobard, devenu archevêque de Lyon, et à la différence d'Alcuin, Théodulf, poète et théologien, passa la plus grande partie de sa vie en dehors de la cour franque et eut, de ce fait, une influence plus restreinte que ce dernier. Nommé évêque d'Orléans en 775 et abbé de Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire) en 781, il travailla à la réforme de son clergé, pour lequel il rédigea des Capitulaires en 46 articles, et fonda dans son diocèse un hospice. Il assista en 800 à Rome au couronnement de Charlemagne. En 804, il succéda à Alcuin comme conseiller théologique de l'empereur, qui le chargea d'étudier la question du Filioque face aux objections des Orientaux. Ainsi composa-t-il son traité De Spiritu sancto, qu'il fit suivre, sur la demande de Charlemagne, d'un De ordine baptismi. En 816, le pape Étienne IV lui conféra le pallium. Mais, peu après, il tomba en disgrâce auprès de la cour : il fut déposé en 818 par Louis le Pieux, qui l'accusait d'avoir appuyé la révolte du roi Bernard en Italie du Nord et qui l'exila au monastère d'Angers, où il mourut.

Protecteur des arts, constructeur et restaurateur de plusieurs églises, Théodulf est surtout célèbre pour avoir fait édifier à côté de sa villa, aujourd'hui détruite, la petite église de Germigny-des-Prés, modèle d'architecture carolingienne. On a vu dans le poète qu'était Théodulf le véritable inspirateur de cet édifice, où il exprima sa philosophie propre en recourant aux théories aniconiques contemporaines. Par son poème Ad Carolum regem, dans lequel il décrit Charlemagne au milieu de sa famille et de sa cour, l'évêque d'Orléans apparaît comme un des grands lettrés de cette époque de renaissance. Si ses Carmina ont quelque chose encore de l'exercice d'école, ils transmettent néanmoins des apports nouveaux et, plus proches de Fortunat que d'Ovide, savent chanter l'amitié en des accents dignes de celui-là.

— Denis COUTAGNE

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