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THÉOLOGIENS ET MYSTIQUES AU MOYEN ÂGE. LA POÉTIQUE DE DIEU, Ve-XVe SIÈCLES, Alain Michel Fiche de lecture

Selon une perspective historique longue, Alain Michel (né en 1930) édite, présente et commente un riche ensemble de textes sur la rhétorique chrétienne dans ses rapports au Verbe divin, donc à la théologie et à la poésie. La rhétorique ou parole divine est traitée comme l'ensemble des moyens que les hommes se sont donnés pour communiquer avec Dieu et instituer un dialogue. Parmi ces moyens, Alain Michel range l'œuvre d'art qui relève, elle aussi, du genre plus large de la poétique chrétienne (Alain Michel, La Parole et la beauté. Rhétorique et esthétique dans la tradition occidentale, Les Belles Lettres, Paris, 1982 ; 2e éd., Albin Michel, Paris, 1994). C'est dire que les textes réunis ici et traduits avec soin composent une excellente introduction à la pensée chrétienne sur l'art de l'Antiquité et du Moyen Âge. L'auteur renouvelle l'approche qu'en avaient donnée d'abord Edgar De Bruyne, dans ses Études d'esthétique médiévale (3 vol., Bruges, 1944-1947 ; 2e éd., 2 vol., Albin Michel, Paris, 1994), ensuite Jean Leclercq, dans L'Amour des lettres et le désir de Dieu (éd. du Cerf, Paris, 1957), mais de manière plus ponctuelle et centrée sur le Moyen Âge monastique des xie-xiie siècles, autour de la grande figure de saint Pierre Damien. À travers les textes étudiés dans son recueil, Alain Michel met en évidence trois faits fondamentaux dans l'évolution de la poétique chrétienne.

Poétique et théologie

L'auteur précise en premier lieu les rapports de la poétique à la théologie. Celle-ci traite de la Révélation et elle est donc parole de Dieu et parole sur Dieu. En même temps qu'elle est incluse dans une poétique, c'est-à-dire dans un ensemble de règles et de préceptes qu'on peut interpréter d'après la tradition antique, classique et judéo-chrétienne, elle donne forme et contenu à cette même poétique. Alain Michel cite l'exemple de la poésie judéo-chrétienne et de sa manifestation à travers les versets bibliques. Pour la période médiévale, il évoque le langage de l'hymnodie dans la liturgie. Or la philosophie gréco-romaine avait initié une méditation sur le langage, les disciplines littéraires et les arts. Un bon nombre de ces réflexions furent reprises par les théologiens chrétiens, intégrées à leurs modes d'enseignement et à leur parole. Mais, pour eux, la théologie, qui est « la poésie de Dieu », doit régler la recherche de l'absolu dans les différents arts. Pour l'architecture d'un bel édifice de culte comme pour les arts du décor, c'est encore la pensée théologique qui ordonne les parties au tout, en vue de produire une image du Verbe de Dieu.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne

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