BRA THÉOPHILE (1797-1863)
Le sculpteur français Théophile Bra est né à Douai le 23 juin 1797, ville où il est mort, le 2 mai 1863. Grâce à des travaux récents, l'œuvre dessiné de Bra, totalement inconnu, vient d'être révélé par une exposition présentée à Houston en 1998, puis au musée de la Chartreuse à Douai en 1999. Bra fut connu de ses contemporains comme une personnalité excentrique et attachante et certains critiques avertis s'étaient intéressés à ses idées sur l'art et à ses sculptures ; mais les nombreux dessins et les manuscrits inédits qu'il légua à la ville de Douai divulguent un aspect inattendu de sa personnalité et de son activité artistique.
Dans ses notes manuscrites, sorte de journal intime, Bra consigna une aventure intellectuelle et religieuse intense ; il l'illustra de dessins d'une originalité et d'une modernité surprenantes.
Un « oublié » de l'histoire de l'art
La fortune critique de Bra a connu un long déclin, puis l'oubli ; il fut néanmoins célèbre sous la Restauration et la monarchie de Juillet. En 1833, Balzac – on retrouve d'ailleurs dans son Louis Lambert des traits qui rappellent la personnalité et la pensée de Bra – parle à Mme Hanska de son « sublime génie ». Dès 1820, des écrivains, des savants, des artistes et des critiques, notamment Quatremère de Quincy, Buchez, Jean Raynaud, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, reconnurent en Bra l'un des penseurs et artistes les plus doués de sa génération. Ils signalèrent ses œuvres, ainsi Ulysse dans l'île de Calypso (Salons de 1822 et de 1833) à propos de laquelle un critique « classique » (Kératry) et un critique « romantique » (Jean Reynaud) s'accordèrent dans leurs louanges (anciennement jardin du Palais-Royal, Paris ; actuellement parc du château de Compiègne). Leurs jugements sur Bra « penseur » et sur son œuvre se confirment aujourd'hui car des aspects surprenants de la pensée de Bra et de son art ont été révélés par ses écrits et par ses dessins. En outre, ses sculptures, dont malheureusement plusieurs, exposées sur la voie publique, ont été détruites bénéficient d'une nouvelle lecture. Après être demeurées longtemps inaccessibles, dix-sept sculptures ont repris leur place, restaurées, au musée de la Chartreuse de Douai. Bra avait offert périodiquement à sa ville des sculptures et lui légua, en 1851, son fonds d'atelier comprenant des plâtres et des esquisses.
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Écrit par
- Jacques de CASO : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)
Classification
Média