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BRA THÉOPHILE (1797-1863)

L'« endroit » d'une carrière

Théophile Bra eut une carrière exemplaire comme sculpteur, réalisant des ambitions professionnelles et intellectuelles que ses origines familiales – une famille de simples artisans-sculpteurs – laissaient peu prévoir. De 1802 à 1807 il fait son apprentissage dans l'atelier de son grand-père et de son père, sculpteurs à Douai. Arrivé à Paris en 1807, il entre dans l'atelier du sculpteur Pierre-Charles Bridan puis, en 1812, s'inscrit à l'École des beaux-arts dans l'atelier du sculpteur Jean-Baptiste Stouf. Il y reçoit une formation technique accomplie qu'il complète simultanément par huit années d'études d'anatomie dans les hôpitaux de Paris. Sa culture littéraire et scientifique est étendue. Il obtient un second grand prix de Rome de sculpture en 1818 et dépend comme ses pairs, des aléas des commandes officielles et des concours. Mais Bra s'est toujours protégé de la commande privée et de la commercialisation de son art, dont les contraintes ne s'accordaient pas avec l'esthétique intellectualiste qu'il adopta vers 1826. Ainsi, pour lui comme pour David d'Angers, la sculpture est avant tout monumentale et publique ; elle naît du tissu social dont elle doit représenter symboliquement les croyances, le progrès et les acteurs principaux. L'histoire pour David d'Angers et, pour Bra, l'histoire et le catholicisme, en sont les thèmes ; le portrait en est le genre artistique privilégié. Le sujet mythologique, le nu féminin, l'art créé pour le musée, la statuette « objet d'art », le bibelot – autant de complaisances sensualistes – ne sont pas des genres d'élection de la sculpture. De là une œuvre volontairement et numériquement restreinte, car seule la commande publique l'engendre, et nécessairement ascétique dans sa thématique et son style.

Artiste en vue à Paris, où il réside jusqu'en 1840, Bra est inclus dans d'importants programmes officiels et privés ; il participe à plusieurs Salons à Paris et à Douai. En 1825, il obtient la commande du monument au duc de Berry destiné à la ville de Lille (bronze, détruit en 1831) et concourt pour celui qui est élevé au général Foy au cimetière du Père-Lachaise à Paris ; en 1826, il exécute un Christ en croix pour la baronne de Maingoval, (bronze, église Saint-Nicolas, Valenciennes) ; en 1829, il participe à l'important concours pour la décoration du fronton de l'église de la Madeleine à Paris. Après 1830, il réalise plusieurs commandes dans le cadre du programme de statuaire monumentale du Musée historique de Versailles : statues en pied de Jean de Joinville (1836), de Philippe d'Orléans, du Régent (1837), du Maréchal Mortier (1839) et il exécute divers monuments commémoratifs à Paris et en province (La Défense de Lille en 1792, Lille, 1845) ainsi que des monuments aux « grands hommes » (Broussais, 1841, bronze, hôpital du Val-de-Grâce, et le général Négrier, 1849, à Lille, bronze, détruit).

Bra participa en outre, à Paris, à la décoration de l'Arc de triomphe de l'Étoile, de l'église de la Madeleine et du Sénat ; à Lille, à celle de l'hôtel de ville ; à Douai, à la décoration de l'hôpital général et, à Boulogne, de la « Colonne ». Outre cette production, Bra exécuta un petit nombre de portraits de personnalités de son temps, œuvres remarquables par leur pénétration psychologique, notamment le buste du docteur Béclard (marbre, 1825, Académie de médecine, Paris), celui de François Broussais (plâtre, 1822, musée de Guéret), de Guizot, (marbre, 1835, coll. privée).

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)

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Média

<it>Tout émane au sein de l'absolu</it>, T. Bra - crédits : K. Maucotel, Paris Musées, 2006

Tout émane au sein de l'absolu, T. Bra