BRA THÉOPHILE (1797-1863)
L'envers d'une carrière officielle : Bra écrivain et dessinateur
Plus proche des intellectuels de son temps que des peintres et des sculpteurs, Bra a laissé de nombreux écrits. Il a collaboré au Journal des artistes, Paris (1846-1847), à L'Artiste de Lille (1850) et a publié plusieurs opuscules sur l'art. Un événement biographique détermina toutefois une activité durable (plusieurs milliers de feuillets conservés à la Bibliothèque de Douai) dans un registre qu'il garda secret et qui est désormais connu : l'écriture intime et le dessin. En 1826, une crise familiale affecta sa vie psychique et intellectuelle ; ses péripéties en furent connues publiquement car Bra en rapporta les incidences légales dans plusieurs mémoires publiés alors même qu'elle se jouait. Sujet à des accès hallucinatoires provoqués, ou à la « folie » dirent certains, alors qu'il se trouvait en rapport avec divers swedenborgiens, transfuges du catholicisme et médiums, Bra s'interrogea sur le caractère messianique de leurs effets dans des notes opaques, fragmentées, souvent inachevés et tenues secrètes (L'Évangile rouge, publié en 2000, constitue le texte le plus complet écrit par Bra sur cette expérience à caractère mystique). Là, il remit radicalement en question le sens de son existence et de ses croyances. Il illustra son expérience d'un grand nombre de graphismes ponctuant le texte également tenus secrets et qui en font en quelque sorte la glose souvent indéchiffrable. À cet effet, il inventa un mode de dessin non figuratif de tracés et de taches représentant des idées et des concepts, unique dans la culture artistique du romantisme.
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Écrit par
- Jacques de CASO : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)
Classification
Média