THÉORIE DES COULEURS, Johann Wolfgang von Goethe Fiche de lecture
Entre physiologie et esthétique : une théorie de la vision
En inscrivant l'ensemble des six couleurs fondamentales et complémentaires dans la figure parfaite du cercle, Goethe cherche également à illustrer la tendance qui pousse l'homme à créer la totalité : chaque couleur « appelle » sa couleur complémentaire située sur le côté opposé du cercle. Nous disposons donc de trois couples : le rouge suscite le vert, le jaune le violet, le bleu l'orange. Il faut bien comprendre que ces couples sont ceux que l'œil produit spontanément : ainsi, mis en présence d'une image pourpre, l'œil crée du vert. L'harmonie qui nous plaît sur le plan esthétique provient du fonctionnement normal de l'œil. Dans la description de ces phénomènes physiologiques, Goethe fait lui-même œuvre de peintre : il note comment la vision du fer incandescent dans une forge donne lieu, lorsqu'on détourne les yeux du spectacle, à la persistance d'une image verte, il dépeint avec minutie le phénomène des ombres colorées, décrit la couleur de la neige à l'ombre, violette, bleue, voire – suivant la lumière du ciel – verte. De même, « la couleur pourpre que l'on aperçoit sur la mer [...] : la partie des vagues nous apparaît verte, dans sa couleur propre, tandis que dans l'ombre elles se montrent de la couleur opposée, le pourpre » (parag. 57). Plus loin, Goethe fournit de précieuses observations sur l'effet psychique et physique de chacune des couleurs, ainsi que sur leur association picturale. Rien d'étonnant à ce que les lecteurs les plus assidus de la Farbenlehre aient été les peintres (Runge, Turner, Kandinsky, Klee, Feininger...).
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Écrit par
- Christian HELMREICH : agrégé d'allemand, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-VIII
Classification
Média