ORGANISATIONS THÉORIE DES
Henri Fayol et la théorie de l'administration
Qu'est-ce qu'administrer, selon Fayol ? C'est prévoir ; « organiser », au sens fort du terme, « constituer » l'organisme qu'est l'entreprise ; c'est commander, permettre au personnel de remplir ses fonctions en lui donnant des ordres ; c'est aussi coordonner, harmoniser les efforts et les travaux de chacun dans un ensemble ; c'est enfin contrôler, veiller au respect des ordres et des règles établis. Telles sont les cinq fonctions administratives, étant entendu qu'il ne faut pas confondre « gouverner », qui est assurer le meilleur fonctionnement de l'organisation dans les opérations essentielles précédemment mentionnées, et « administrer », qui correspond plus spécifiquement à la dernière de celles-ci.
Il revient à Fayol d'avoir insisté sur la nécessité dans laquelle se trouvent les responsables d'organisation d'acquérir une formation administrative. Par rapport au taylorisme, sa théorie représente donc un progrès : elle n'est pas seulement une science du travail, elle traite de l'organisation humaine, qui n'a plus pour seule fin le rendement, mais le meilleur fonctionnement global de l'entreprise, et qui, par conséquent, concerne davantage les dirigeants que les exécutants. Il s'agit d'effectuer la rationalisation d'un tel ensemble. À cette fin, il est essentiel de dresser des « tableaux d'organisation » qui permettent de saisir d'un coup d'œil l'ensemble de l'organisme, les services, leurs structures et la filière hiérarchique. C'est par l'étude minutieuse de ces tableaux, ancêtres de ce qu'on appelle aujourd'hui l'organigramme, qu'on découvrira tous les défauts d'organisation, ou qu'on décèlera l'absence d'unité dans le commandement, qui constitue la faute la plus grave aux yeux de Fayol.
Ce dernier a dégagé quatorze principes d'administration. Parmi les plus significatifs, le principe d' autorité est posé comme « le droit de commander et le pouvoir de se faire obéir ». Barnard a montré par la suite que l'autorité ne peut se définir à partir de celui qui la détient, mais de celui qui l'accepte : une autorité non reconnue n'est pas une autorité. Annonçant encore Barnard, Fayol ajoute que l'autorité est inconcevable sans responsabilité, c'est-à-dire sans une sanction – récompense ou pénalité – qui accompagne l'exercice du pouvoir. Le principe de l'unité de commandement est resté célèbre : « Pour une action quelconque, un agent ne doit recevoir des ordres que d'un seul chef. » En termes mathématiques, la hiérarchie doit être schématisable en arbre, et non en réseau. On sait que dans un arbre un seul chemin est possible pour aller en un point donné, tandis que dans un réseau il existe plusieurs voies pour se rendre au même point. Un agent qui peut recevoir des ordres de plusieurs chefs est embarrassé : il ne sait auquel obéir. Les instructions reçues peuvent être contradictoires. L'unité de commandement, au contraire, permet la sûreté et la rapidité de l'exécution. À ce principe, qui s'applique à la façon dont les ordres, dans chaque service de l'organisation, sont transmis au personnel, Fayol ajoute celui de l'unité de direction, qui concerne la structure globale de l'entreprise. Fayol précise que : « L'unité de commandement ne peut exister sans l'unité de direction, mais elle n'en découle pas. » On peut, enfin, signaler, dans l'analyse fayolienne de la hiérarchie, l'intérêt du principe de la « passerelle ». Il s'agit de prévoir, dans la voie hiérarchique, des passages directs d'un service à un autre, sans que l'on soit obligé de remonter jusqu'au chef suprême. Nécessaire pour la rapidité de l'action, ce dispositif ne contredira pas le principe de la hiérarchie,[...]
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Écrit par
- René DAVAL : agrégé de philosophie, assistant à la faculté des lettres de Reims
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