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RÉSEAUX THÉORIE DES

Un ensemble de méthodes

L'analyse des réseaux dispose aujourd'hui d'outils variés et puissants. Outre l'ensemble des instruments qui permettent d'appréhender la structure d'un réseau (son diamètre, sa densité, etc.), trois niveaux d'analyse sont classiquement mis en œuvre : le premier consiste à positionner les agents dans une structure relationnelle à l'aide d'indicateurs sociométriques ; le deuxième, à mettre en évidence l'existence de sous-groupes cohésifs au sein d'une population ; le troisième, à regrouper les agents en fonction de leurs profils relationnels, ce qui permet de passer du plan individuel au plan structural. À ces approches s'ajoutent des modèles plus complexes tentant d'articuler attributs des individus et propriétés relationnelles.

L'une des vertus essentielles de l'analyse des réseaux est de mettre l'accent sur un type de ressources paradoxalement souvent délaissé par les sociologues : le « capital social », au sens non pas du droit des sociétés mais de la sociologie, notion théorisée dans les années 1970 et 1980, par Pierre Bourdieu et James S. Coleman, notamment. Un individu peut tirer de son insertion dans des réseaux sociaux des profits qui ne sont réductibles ni à ses revenus, ni à son capital culturel. Peut-on pour autant parler d'une théorie des réseaux sociaux ? Depuis les années 1960, un certain nombre d'auteurs ont voulu faire de l'analyse des réseaux un nouveau paradigme. Une telle démarche présente au moins deux risques : celui de penser le réseau comme autosuffisant et de laisser de côté les propriétés autres que « relationnelles » des individus (âge, sexe, origines sociales, etc.) ; celui de faire du réseau la texture « naturelle » du monde social, en omettant que les réseaux sont aussi des constructions sociales et historiques. C'est pourquoi l'analyse des réseaux doit avant tout être envisagée comme un ensemble de méthodes qui, en tant que telles, sont mobilisables par la plupart des grands courants théoriques : analyse stratégique, interactionnisme, structuralisme génétique, etc.

— François DENORD

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