SPECTRALE THÉORIE
Théorie de Riesz des applications linéaires compactes
Applications linéaires compactes
Historiquement, la notion d' application linéaire compacte s'est introduite sous le nom d'application complètement continue : étant donné deux espaces vectoriels normés E et F, une application linéaire u de E dans F est dite complètement continue si de toute suite bornée (xn) d'éléments de E on peut extraire une suite (yp) telle que la suite (u(yp)) soit convergente dans F.
F. Riesz fut le premier à remarquer que cette condition permet de retrouver tous les résultats de la théorie de Fredholm (cf. équations intégrales, chap. 5). En utilisant la caractérisation des espaces métriques compacts à l'aide de la condition de Bolzano-Weierstrass, on voit immédiatement qu'une application linéaire u de E dans F est complètement continue si et seulement si l'image par u de la boule unité de E est une partie relativement compacte de F. Sous cette forme, la notion d'application complètement continue peut se généraliser aux espaces vectoriels topologiques.
Plus précisément, soit E et F deux espaces vectoriels topologiques localement convexes séparés. On dit qu'une application linéaire u de E dans F est compacte (resp. précompacte) s'il existe un voisinage V de 0 dans E tel que u(V) soit une partie relativement compacte (resp. précompacte) de F.
Toute application compacte est précompacte ; la réciproque est vraie si l'espace vectoriel F est complet ou, plus généralement, si toute partie fermée bornée de F est complète. Toute application précompacte est continue ; la réciproque est fausse. Ainsi, pour que l'application identique IE de E soit précompacte, il faut et il suffit que E soit de dimension finie, auquel cas elle est compacte (lemme de F. Riesz).
Les applications compactes de E dans F constituent un sous-espace vectoriel de l'espace vectoriel des applications linéaires continues de E dans F.
Soit u une application linéaire continue de E dans F et v une application linéaire continue de F dans un troisième espace G. Si l'une des applications u et v est compacte, il en est de même de l'application composée v ∘ u. En particulier, les endomorphismes compacts de E constituent un idéal bilatère de l'algèbre L(E) des endomorphismes continus de E.
Soit E′ et F′ les duaux topologiques de E et de F, munis de la topologie de la convergence uniforme sur les disques compacts. Alors, si u est compact, il en est de même de tu.
Enfin, toute application linéaire de rang fini est compacte.
On peut énoncer des propriétés analogues pour les applications précompactes.
Revenons au cas particulier où les espaces E et F sont normés ; munissons l'espace vectoriel L(E, F) de la norme des applications linéaires continues, à savoir la norme de la convergence uniforme sur la boule unité de E. Alors les applications précompactes de E dans F constituent un sous-espace vectoriel fermé de L(E, F). Il en est de même des applications compactes de E dans F, lorsque F est complet. Il en résulte que la limite en norme d'une suite d'applications de rang fini est une application compacte. Réciproquement, lorsque l'espace vectoriel F est hilbertien, toute application compacte de E dans F est limite d'une suite d'applications de rang fini. Lorsque F est un espace de Banach, cette réciproque se ramène au problème suivant : l'application identique d'un espace de Banach est-elle limite forte de projecteurs de rang fini (propriété d'approximation) ? Ces deux problèmes ont été résolus par la négative en 1976.
Supposons maintenant que E et F sont des espaces de Banach ; soit E′ et F′ les duaux topologiques de E et de F, munis des normes correspondantes. Pour qu'une application linéaire continue u de E dans F soit compacte, il faut et il suffit que sa transposée tu soit une[...]
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Écrit par
- Lucien CHAMBADAL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, professeur au lycée Buffon, Paris
- Jean-Louis OVAERT : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de mathématiques spéciales
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