- 1. Les écoles de Milet et d'Éphèse
- 2. La philosophie chinoise du « Hong fan »
- 3. Empédocle et les pythagoriciens
- 4. Les alchimistes d'Alexandrie
- 5. La gnose cosmologique de la théosophie ismaélienne
- 6. Les « matrices élémentaires » de Paracelse
- 7. Les quatre éléments dans l'iconographie chrétienne
- 8. Bibliographie
ÉLÉMENTS THÉORIES DES
La gnose cosmologique de la théosophie ismaélienne
Grâce aux recherches et aux travaux de Henri Corbin depuis la publication, en 1949, de la « Bibliothèque iranienne » et, en 1953, de l'édition princeps du Kitab-e Jāmi'al Hikmatain, le « Livre réunissant les deux sagesses », le grand dessein de mettre en harmonie la philosophie grecque et la théosophie ismaélienne, tel qu'il inspira son auteur, Nāsir-e Khosraw, s'est dégagé définitivement des interprétations sommaires des historiens antérieurs. Ceux-ci, faute de comprendre la mise en œuvre de la gnose ismaélienne et de son herméneutique fondamentale, le ta'wil, avaient réduit de façon abusive à la perspective classique de l'imitation extérieure des systèmes, ce qui fut, en réalité, une « re-création » intérieure, profondément originale, de la pensée cosmologique, anthropologique et théologique de l'Antiquité par l'ésotérisme ismaélien.
Si l'on ne peut qu'indiquer succinctement ici ces différences, il importe de préciser au moins le mouvement de cette « re-création » qui ne présente pas de rapports avec l'opération dialectique, appelée par le jeu antithétique entre le « croire » et le « savoir ». Il s'agit, en effet, d'une opération herméneutique, d'une exégèse dans laquelle le ta'wil se présente comme une progression harmonique, faisant communiquer, dans le même mouvement ascensionnel, d'une part, un mouvement de retour aux données intérieures originelles, d'autre part, un dévoilement d'horizons nouveaux et de perspectives cosmologiques qui se lèvent et s'ouvrent, à mesure que s'unissent plus intimement la lumière de la connaissance de soi-même et la lumière de la compréhension de la Nature.
En ce sens, on a pu rapprocher le ta'wil ismaélien de la notion d'anaphore, d'une élévation vers la hauteur du Sens total, appuyée sur une descente préalable vers la Source de tous les sens possibles. Loin d'être antithétiques, ces deux phases d'une même opération apparaissent comme strictement interdépendantes et complémentaires. Ce n'est point là non plus une manière dogmatique d'interpréter les symboles, en fonction d'une certaine « doctrine traditionnelle », telle que prétend l'accréditer une pseudo-philosophie orientaliste, mise à la mode depuis quelques décennies. Mieux on connaît la tradition et plus on est sensible, au contraire, à la marge considérable d'indépendance et de liberté créatrice grâce à laquelle l'opération herméneutique ne peut jamais être réduite à un apprentissage machinal d'un corpus d'interprétations symboliques antérieures. La gnose étant une entreprise de délivrance pour le gnostique lui-même n'aurait évidemment ni sens ni portée si l'authenticité de sa quête personnelle n'était pas pleinement engagée dans sa recherche de la vérité universelle.
Il s'agit, en fait, à la différence de l'expérience philosophique et de l'expérience religieuse ordinaires, d'une reconquête de la poïesis absolue, d'un retour à la pure spontanéité du « faire-être », de l'ibdā ismaélienne, notion aussi éloignée des doctrines de l'« Émanation » que de celles de la « Création », et qui renvoie aux inspirations imprévisibles d'une pensée détachée de toute déduction causale. C'est au cœur même de ce « faire-être » que l'Univers, dans sa fonction essentielle, apparaît comme inséparable de la résurrection perpétuelle de l'Unique.
La Nature elle-même, pour la théosophie ismaélienne, appartient dans son essence à la spontanéité primordiale (elle est ibdā'i) et au monde du devenir (kawni) dans sa manifestation existentielle. Selon Abū'l-Haitham, elle comprend aussi bien les « Pères »,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- René ALLEAU : historien des sciences et des techniques, ingénieur conseil
Classification
Autres références
-
AIR, élément
- Écrit par Georges KAYAS
- 719 mots
- 1 média
Anaximène (~ 556-~ 480), à la différence de Thalès, enseignait que toute substance provient de l'air (pneuma) par raréfaction et condensation ; dilaté à l'extrême, cet air devient feu ; comprimé, il se transforme en vent ; il produit des nuages, qui donnent de l'eau lorsqu'ils sont...
-
ALCHIMIE
- Écrit par René ALLEAU et Encyclopædia Universalis
- 13 642 mots
- 2 médias
...occidentale peut être divisée en trois branches principales. La première, aristotélicienne, a développé les applications de la théorie antique des quatre éléments à la transmutation des métaux. Préchimique et relativement rationnelle, elle se rattache plutôt à la tendance expérimentale de Rhazès. La seconde,... -
ANAXAGORE (env. 500-428 av. J.-C.)
- Écrit par Fernando GIL et Pierre-Maxime SCHUHL
- 1 859 mots
- 1 média
...d'Anaxagore permirent de construire toute une théorie de la nutrition et d'expliquer, par exemple, comment chair et os pouvaient se constituer à partir d' éléments végétaux. Comment, demandait Anaxagore, la chair proviendrait-elle de ce qui n'est pas chair ? C'est que le végétal même contient, sous forme... -
ANAXIMANDRE (VIe s. av. J.-C.)
- Écrit par Clémence RAMNOUX
- 532 mots
- 1 média
De quelque quinze ou vingt ans le cadet de Thalès, et sans doute son élève : ce qui place sa maturité entre ~ 570 et ~ 565 environ. À la suite d'Aristote et de Théophraste, la doxographie ancienne lui attribue une place importante à l'origine des techniques, des sciences et de la...
- Afficher les 34 références