THÉRAPEUTIQUE Chimiothérapie
La chimiothérapie est la science qui se propose d'appliquer, à des fins thérapeutiques, des « principes actifs » naturels ou synthétiques de structure parfaitement connue. Par extension et du fait qu'elle évolue de plus en plus vers une science exacte, la chimiothérapie se propose de dépasser le stade empirique et de mieux connaître le mécanisme d'action des principes actifs ou des médicaments qu'elle utilise. Elle s'appuie sur les données récemment acquises par trois autres disciplines : biochimie, biologie moléculaire et pharmacologie (voir les articles ainsi intitulés).
Selon une convention entérinée par l'usage et due à son histoire même, le terme « chimiothérapie » est cantonné dans un sens plus restreint que son étymologie ne le laisserait supposer : on entend par chimiothérapie le traitement des maladies dues à des parasites systémiques, c'est-à-dire des maladies tropicales ou parasitaires, des maladies infectieuses (bactériennes et virales), et enfin le traitement du cancer. Cette définition restreinte est particulièrement bien illustrée par le sommaire des traités ou des revues de chimiothérapie ainsi que par le programme des congrès internationaux qui ont lieu tous les deux ans et figurent parmi les activités principales de la Société internationale de chimiothérapie.
Voyons seulement à titre d'exemple les étapes qui ont fait franchir un pas décisif dans le traitement des infections diverses. Parmi les découvertes anciennes, rappelons entre autres celles de deux produits connus depuis le xviie siècle : la racine d'ipéca pour le traitement de la dysenterie, et l'écorce de quinquina pour le traitement de la malaria. Une autre étape importante fut atteinte dès le milieu du xixe siècle, grâce à Pasteur et à Lister qui généralisèrent l'asepsie et l'antisepsie en milieu hospitalier ; le phénol figure parmi les premiers antiseptiques utilisés à grande échelle. Vinrent ensuite les travaux mémorables de Paul Ehrlich (1874-1915) considéré à juste titre comme le père de la chimiothérapie ; ces travaux devaient aboutir à l'utilisation de divers composés arsenicaux comme antiparasitaires. Par la suite, deux grands progrès devaient être successivement accomplis : l'utilisation des sulfamides en tant qu'agents anti-infectieux, découverte due à Domagk et à une équipe française de l'Institut Pasteur dirigée par Tréfouël, puis l'utilisation de nombreux antibiotiques majeurs. L'application des antibiotiques à la thérapeutique au milieu du xxe siècle ne fut que la valorisation de la découverte de la pénicilline par Fleming en 1928, fait qui passa presque inaperçu à l'époque.
La recherche des molécules actives
L'examen du catalogue des médicaments majeurs utilisés en thérapeutique révèle que la découverte de ceux-ci est due à six démarches ou modes d'investigation principaux :
– L'exploitation des pharmacopées traditionnelles, notamment l'utilisation des plantes connues souvent depuis des siècles pour leur valeur médicinale ; à partir de ces plantes, de nombreux principes actifs encore très valables ont pu être isolés à l'état pur : quinine, morphine, colchicine, réserpine (cf. médicaments, pharmacologie).
– L'exploitation raisonnée d'une observation fortuite : ce fut le cas de la découverte de la pénicilline par Fleming, suivie de celle de nombreux autres antibiotiques naturels, selon le même principe.
– La modification artificielle de molécules d'origine naturelle pour en améliorer les performances ; c'est le cas des nombreux antibiotiques d'hémisynthèse obtenus à partir des grands produits naturels.
– Le criblage ou screening ; cette méthode consiste à mettre au point une batterie de tests biologiques et à examiner systématiquement, et sans idée préconçue,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel PRIVAT DE GARILHE : ingénieur-docteur, docteur ès sciences, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, ingénieur E.S.C.I.L.
Classification
Autres références
-
RESPIRATOIRE (APPAREIL) - Catégories de médicaments
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Henri SCHMITT
- 1 464 mots
- 1 média
Les poumons, comme tout organe du corps, peuvent subir des atteintes pathologiques : infections par des virus (grippe ou Covid-19, par exemple), des microbes (comme les pneumocoques), des champignons (comme les Aspergillus ou des Pneumocystis), divers types de cancer, et, enfin, des atteintes d’origine...
-
ACNÉ
- Écrit par Corinne TUTIN
- 3 313 mots
- 4 médias
Dans les formes très légères ou légères d’acné, le traitement est d’abord local sous forme de gel, crème ou lotion. Il repose sur l’usage de peroxyde de benzoyle (un agent oxydant antibactérien, également kératinolytique et antiséborrhéique) ainsi que sur les rétinoïdes topiques (dérivés du rétinol... -
ACUPUNCTURE
- Écrit par François BOUREAU
- 3 000 mots
- 1 média
...de façon à reproduire les effets de l'excitation manuelle. Ils se caractérisent par une fréquence basse (de 2 à 4 cycles par seconde) et par une intensité souvent élevée. Initialement utilisée lors d'interventions chirurgicales, son application s'est étendue au traitement symptomatique de la douleur. -
ACUPUNCTURE AURICULAIRE ou AURICULOTHÉRAPIE
- Écrit par Michel MARIGNAN
- 999 mots
L' acupuncture auriculaire, ou auriculothérapie, est une méthode thérapeutique du domaine des réflexothérapies pour laquelle le pavillon de l'oreille est utilisé à des fins thérapeutiques mais aussi diagnostiques. Technique médicale en première apparence semblable à l'acupuncture chinoise –...
- Afficher les 202 références