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THÉRAPEUTIQUE Chimiothérapie

La chimiothérapie en question

Après les succès remportés dans la lutte contre les maladies bactériennes les plus redoutables, on pouvait s'attendre à de nouvelles prouesses de la chimiothérapie dans la lutte contre les maladies à virus et contre le cancer. Or, dans ces deux domaines, les progrès sont extrêmement lents, et il n'est pas évident que la chimiothérapie y tienne une place prépondérante.

En revanche, la conquête de nouveaux espaces thérapeutiques a été spectaculaire en matière de psychopharmacologie (voir cet article).

La lutte contre les maladies à virus

Les virus sont responsables de plus de 50 p. 100 des maladies humaines : soit des maladies bénignes que l'on laisse évoluer vers la guérison avec un traitement palliatif (rhinite, grippe, rougeole, rubéole, oreillons), soit des maladies graves pour lesquelles on dispose de vaccins (poliomyélite, rage, variole, fièvre jaune, hépatite virale). Enfin, on soupçonne de plus en plus les virus d'être à l'origine de cancers et d'autres maladies redoutables, comme la sclérose en plaques, l'arthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux, le virus du sida.

Les succès objectivement contrôlés de la chimiothérapie antivirale sont sans commune mesure avec le nombre de produits expérimentés, qui se monte à plusieurs milliers.

Selon les principes appliqués dans le cas des sulfamides et des antibiotiques, on a recherché pour le traitement des maladies à virus, en plus d'un tri au hasard, des substances qui soient des antimétabolites de systèmes enzymatiques fondamentaux pour la multiplication virale. Le fait que la multiplication des virus mette en jeu la synthèse rapide de leur acide nucléique constitutif, ADN ou ARN, a conduit les chercheurs à inventorier l'efficacité antivirale des analogues de structure des composants nucléiques : nucléobases, nucléosides, nucléotides... D'où un gigantesque programme de synthèse et d'expérimentation où deux impératifs doivent être respectés : l'activité des produits et leur inocuité en clinique humaine.

Parmi les succès incontestables de la chimiothérapie antivirale, il convient de mentionner :

– Idoxuridine ou 5-lodo-uracile désoxyriboside (IUDR), le premier analogue de structure utilisé avec succès dans le traitement de l'herpès de la cornée.

– Cytosine arabinoside, médicament ayant remporté des succès dans le traitement du cancer et des maladies à virus. Toutefois l'effet immuno-suppresseur de cet analogue de la cytidine semble en limiter sérieusement l'emploi.

– Adénine arabinoside, ou vidarabine. Les premières observations sur l'activité antivirale de ce nucléoside, analogue de structure de l'adénosine, furent effectuées par Privat de Garilhe et de Rudder en 1964 : dès cette époque il apparut nettement que ce composé était efficace vis-à-vis des virus à ADN comme l' herpès, par contre dépourvu d'activité vis-à-vis des virus à ARN. Par la suite, les expériences de Sanger et al. devaient mettre en lumière le mécanisme d'action des arabinosides, une inhibition compétitive au niveau de l'élongation des chaînes d'ADN. C'est l'effet du type « terminateur de chaîne » dans le cas d'ADN infectieux de virus. Il semblerait que la biosynthèse de l'ADN cellulaire puisse passer outre, grâce aux enzymes de réparation, ce qui expliquerait la valeur thérapeutique des arabinosides.

L'expérimentation antivirale de l'adénine arabinoside, commencée sur cultures cellulaires et sur l'animal en 1964, devait recevoir une impulsion remarquable, une bonne décennie plus tard, lors de la publication du bilan d'une large application clinique entreprise en vue d'évaluer son efficacité dans le traitement de l' encéphalite herpétique. Ce bilan réalisé par des spécialistes américains, appartenant à une quinzaine de centres hospitaliers,[...]

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Écrit par

  • : ingénieur-docteur, docteur ès sciences, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, ingénieur E.S.C.I.L.

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