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THÉRAPEUTIQUE Physiothérapie

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La physiothérapie consiste à traiter certaines maladies par des moyens physiques qui sont : des courants électriques ( électrothérapie), des ultrasons (ultrasonothérapie), des rayonnements électromagnétiques (actinothérapie). Remarquons que les traitements par les rayons X et par les radiations des corps radioactifs appartiennent bien à la physiothérapie, mais ils font l'objet d'autres articles.

Électrothérapie

Courants émis sous voltage constant

Les générateurs usuels sont des redresseurs à lampes, alimentés par le courant alternatif du secteur. Le potentiel de sortie peut atteindre 80 volts. L'intensité, réglée par un dispositif très progressif, est de l'ordre de 2 ou 3 milliampères. L'admission du courant à travers le corps humain se fait à l'aide d'électrodes sèches (électrolyse) ou humides (galvanisation, ionophorèse) constituées par une plaque de métal recouverte d'un tissu spongieux imprégné d'une solution saline.

Électrolyse

L'électrolyse a pour but la destruction électrolytique des tumeurs cutanées. L'électrode active, sèche, est une aiguille métallique reliée au pôle négatif du générateur et plantée dans la tumeur. L'autre pôle du générateur est relié à une électrode humide (électrode indifférente) placée en un endroit quelconque de la peau. Au niveau de l'électrode active, les ions sodium contenus dans les tissus sont entraînés par le courant électrique, s'accumulent autour de l'aiguille, se combinent à l'oxhydrile OH et infiltrent la tumeur de soude caustique. Sur certaines tumeurs vasculaires bénignes (angiome stellaire, par ex.), un courant de 2 mA décolore définitivement le réseau vasculaire en une à deux minutes sans presque aucune douleur.

Galvanisation

La galvanisation s'effectue à l'aide d'électrodes humides placées soit de part et d'autre du segment à traiter (« galvanisation transversale »), soit en des points distaux (« galvanisation longitudinale »). Les ions tissulaires et les ions chlore et sodium de la solution de NaCl imbibant les électrodes transportent le courant en progressant à travers tissus, peau et électrodes humides. Il ne se produit pas d'accumulation ionique. À ce phénomène de migration des ions à travers les cellules et les milieux de l'organisme s'ajoute un autre phénomène : la cataphorèse, transport massif de molécules. C'est ainsi que l'eau et certaines particules colloïdales peuvent être entraînées par le courant électrique (dans le sens de celui-ci en ce qui concerne l'eau). Les réactions biologiques sont une sensation de picotement sous les électrodes, une analgésie par inhibition nerveuse au voisinage de l'électrode positive, une augmentation du métabolisme, une rubéfaction transitoire de la peau par vaso-dilatation, avec diminution de la résistance ohmique de la peau (A. Strohl). Les indications thérapeutiques découlent de ces propriétés : nous mentionnerons les œdèmes post-traumatiques et les œdèmes de stase.

Diélectrolyse

La diélectrolyse a pour synonymes : ionophorèse, ionisation, électrolyse médicamenteuse. Le fait que des ions médicamenteux peuvent pénétrer dans l'organisme sous l'action d'un courant électrique a été démontré par la célèbre « expérience des lapins » de Leduc, faite à l'aide d'ions toxiques. L'application thérapeutique procède de la façon suivante : une électrode humide, dite active, est imbibée d'une solution médicamenteuse (1 à 10 g/l) dont les ions actifs (cation ou anion suivant la polarité de cette électrode), entraînés par le courant électrique, quittent l'électrode et pénètrent dans l'organisme. L'augmentation du métabolisme cellulaire dans les régions traversées par le courant y favorisera l'action pharmacodynamique du médicament. À titre d'exemple, nous indiquerons qu'au pôle positif peuvent être employées les solutions des médicaments suivants : chlorure de calcium (action calmante du calcium sur les névrites), salicylate de lithine (action de la lithine sur certains rhumatismes), nitrate d'aconitine (action de l'aconitine sur la névralgie faciale), sulfate de cuivre (action antimycosique du cuivre), alphachymotrypsine (entorses). Au pôle négatif, solutions d'iodure de potassium (action vaso-dilatatrice et résolutive de l'iode sur les cicatrices, sur l'hémiplégie), de salicylate de soude (rhumatismes, goutte), de thiomucase (œdèmes traumatiques).

Courants émis sous voltage variable

Au courant faradique, émis par une bobine à « trembleur », se substituent des courants omofaradiques, des courants crénelés à impulsions rectangulaires ou exponentielles, des courants sinusoïdaux redressés ou non, et dont la fréquence peut aller jusqu'à 3 000 hertz. Ces courants possèdent les actions physiologiques suivantes :

– Action excito-motrice : une brusque impulsion électrique détermine une excitation nerveuse avec brève contraction musculaire (loi de Weiss). Si les variations sont itératives, la « fusion des secousses » produit une contraction musculaire qui persiste pendant toute la durée du courant. Cette propriété du courant excito-moteur est utilisée pour l'électrodiagnostic. En physiothérapie, elle permet d'entretenir et de régénérer un muscle malade par « gymnastique passive ».

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– Action trophique : elle accroît la circulation sanguine, augmente la sécrétion glandulaire et diminue les œdèmes.

– L'action analgésique des courants de basse et moyenne fréquence en indique l'emploi pour le traitement des entorses et des séquelles douloureuses des traumatismes.

L'électrokinésie associe les courants excito-moteurs au massage : l'électrode active est constituée par un gant de caoutchouc recouvert d'un enduit conducteur de l'électricité et porté par le masseur. Au cours de son travail, celui-ci perçoit la contraction musculaire provoquée par le courant excito-moteur. L'électrothérapie interférentielle nécessite deux générateurs de moyenne fréquence. Deux électrodes fixes et deux manuelles permettent de réaliser une excitation neuromusculaire en faisant interférer les courants dans la profondeur des tissus (électromassage vibratoire décontracturant et analgésique, réflexothérapie cutanée, etc.).

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Sous forte intensité, les courants variables possèdent une action inhibitrice : Prévost et Batelli ont montré qu'il est par là possible de « défibriller » le cœur. Le « choc électrique » de défibrillation est obtenu par décharge oscillante de condensateurs, et dure moins de 0,02 seconde. Le cœur s'arrête, puis reprend immédiatement un rythme normal. La défibrillation est devenue, dans les années 2000, une technique de routine applicable au niveau des équipes de secourisme pour le traitement des accidents cardiaques brutaux.

Depuis 1940, on connaît l'électrochoc déterminé par l'action de ces courants sur le cerveau : l'effet est analogue à celui d'une crise d'épilepsie. La phase excito-motrice, contemporaine du passage du courant, est suivie d'une phase résolutive avec sommeil ; au réveil, il existe une amnésie des faits récents (traitement de la « mélancolie anxieuse », par exemple). L' électronarcose est d'acquisition plus récente ; deux manœuvres successives permettent d'obtenir l'anesthésie générale : d'abord électrochoc par électrodes temporales admettant un courant oscillant de 100 hertz, puis entretien du sommeil par un courant moins intense (quelques milliampères) orienté du menton au vertex (A. Djourno).

Courants de haute fréquence

Les courants de haute fréquence sont le courant diathermique (de fréquence 1 MHz environ) et les ondes courtes (de 40 à 100 MHz).

La diathermie comprend deux types de générateurs : d'une part, le générateur réalisé d'après le dispositif de d'Arsonval, qui donne des trains d'ondes amorties, et d'autre part le « générateur à lampes », donnant des oscillations entretenues. Dans l'un et l'autre dispositif, les oscillations électriques naissent dans un circuit oscillant dont le condensateur et la self déterminent la fréquence. Les électrodes amenant le courant au corps humain sont des plaques de métal à bord mousse placées au contact de la peau.

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Les ondes courtes sont produites soit par un générateur du type Mesmy, à deux lampes, soit par un magnétron dont la lampe unique possède deux anodes. Les électrodes sont constituées par des plaques métalliques placées à un centimètre de la peau, dont elles sont séparées par une couche d'air ou un isolant. Le courant passe par effet de capacité électrique.

L'effet physiologique de la diathermie et des ondes courtes découle essentiellement d'un apport de chaleur par effet Joule. Il s'accompagne d'une vaso-dilatation avec stimulation du métabolisme tissulaire au niveau des organes traversés par le courant. Pour un échauffement égal de la peau, celui des muscles et des glandes est plus grand avec les ondes courtes qu'avec la diathermie. La température locale peut atteindre 40 0C. Les échanges respiratoires, la sécrétion rénale et la concentration urinaire augmentent. Ces courants sont indolores. Les indications médicales sont certaines hypothermies, certaines arthrites et arthroses, les algies viscérales, les états inflammatoires et congestifs. L'application percutanée sur la région surrénalienne provoque une augmentation de la sécrétion cortisonique (traitement d'arthrites, d'arthroses et de l'asthme). En applications générales les ondes courtes réalisent l'électropyrexie (« fièvre artificielle » pour le traitement de la paralysie générale).

Une modalité particulière d'application de la diathermie est le bistouri électrique : une aiguille ou une lame de couteau constitue une des électrodes. L'effet thermique maximal au point de contact détruit les tissus par effet Joule et n'intéresse que deux ou trois couches cellulaires. L'effet de section est immédiat, sans effort de pression ; la tranche de section ne saigne pas : vaisseaux et lymphatiques sont localement obstrués. Gustave Roussy indiquait que ce moyen était le meilleur pour le traitement des petites tumeurs bénignes ou malignes de la peau et des muqueuses d'où ses indications en gynécologie (métrites du col utérin). Le procédé permet encore l'épilation électrique.

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L’utilisation des courants de radiofréquence en cardiologie permet de résoudre des foyers d’hyperexcitabilité cardiaque responsable, de crises de tachycardie paroxystique. C’est une avancée majeure de la cardiologie interventionnelle.

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Écrit par

  • : professeur honoraire de radiologie, membre de l'Académie nationale de médecine

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