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THÉRÈSE RAQUIN, Émile Zola Fiche de lecture

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En 1867, lorsque Émile Zola (1840-1902), alors âgé de vingt-sept ans, publie Thérèse Raquin, il n'est déjà plus tout à fait un inconnu : il s'est acquis une certaine réputation par ses articles de critique d'art, principalement consacrés à la défense des impressionnistes, ainsi que par un recueil de contes, Contes à Ninon (1864), et un roman, La Confession de Claude (1865). Développement d’une nouvelle intitulée Un mariage d’amour, parue dans Le Figaro l’année précédente, Thérèse Raquin, paru d'abord en feuilleton dans L’Artiste, puis en volume chez Lacroix, lui apporte la célébrité.

Le livre reçoit un accueil très partagé, certains critiques condamnant, comme ils l’avaient fait deux ans plus tôt avec le Germinie Lacerteuxdes frères Goncourt, une « littérature putride ». Six ans plus tard, Zola en proposera sans succès une adaptation théâtrale. Le roman sera porté à plusieurs reprises à l’écran, notamment, en 1953, par Marcel Carné, avec Simone Signoret et Raf Vallone.

De la névrose à la folie

Le récit, linéaire, est divisé en 32 chapitres assez brefs, propices à une parution en roman-feuilleton. Fille d’un militaire français et d’une Algérienne, la petite Thérèse est confiée par son père à la sœur de celui-ci, Mme Raquin, qui l’élève avec son propre fils, Camille, un enfant souffreteux. Selon les vœux de Mme Raquin, à leur majorité, Thérèse épouse Camille. Tous trois s’installent à Paris dans le sordide passage du Pont-Neuf, où Mme Raquin ouvre une mercerie, tandis que Camille trouve un emploi dans l’administration des chemins de fer d’Orléans. La monotonie de leur existence est à peine rompue, une fois par semaine, le jeudi, par la visite de Michaud, un commissaire en retraite, vieille connaissance de Mme Raquin, accompagné de son fils et de sa femme, et de Grivet, un collègue de Camille. Au cours de ces soirées que Thérèse déteste, on boit du thé et on joue aux dominos. Un jour, Camille présente un nouvel invité, Laurent, un ami d’enfance, peintre raté qui, pour vivre, travaille lui aussi au chemin de fer d’Orléans. Celui-ci propose à Camille de faire son portrait, puis Laurent et Thérèse deviennent amants. Durant plusieurs mois, ils se retrouvent l’après-midi, dans la chambre de Thérèse et Camille, jusqu’à ce que Laurent ne puisse plus quitter son travail. L’idée vient alors à Thérèse de se débarrasser de Camille.

Un dimanche, alors que Thérèse, Camille et leur ami se promènent à Saint-Ouen, Laurent propose de faire un tour en canot sur la Seine. Au milieu du fleuve, il jette Camille par-dessus bord, fait chavirer la barque afin de simuler un accident et appelle au secours. Le crime semble parfait, des témoins ont vu le naufrage, Laurent a raconté sa version à Michaud, qui lui sert de caution ; aucune enquête n’est menée. À partir de ce moment, pourtant, Laurent commence à être obsédé par le meurtre. Il se rend à la morgue afin de vérifier que Camille est bien mort. Toutefois, son angoisse ne décroît pas. Les deux amants cessent de se voir. Laurent quitte son travail pour se remettre à peindre, vit quelque temps avec une modèle, puis, quand celle-ci le quitte, revient vers Thérèse.

Au cours d’une des soirées du jeudi, qui ont repris, Michaud suggère que Laurent épouse Thérèse. Le mariage a lieu. Les années passent, mais les nuits des époux restent hantées par le spectre de Camille. La folie s’empare peu à peu de Laurent, qui raconte un jour la scène du meurtre à Mme Raquin. Celle-ci, horrifiée mais devenue paralysée et muette, ne parvient pas à révéler la vérité. Thérèse et Laurent en viennent à se haïr. Ce dernier, craignant que sa femme, prise de remords, ne le dénonce, envisage de la tuer. Ils tentent de s’éloigner l’un de l’autre, sans y parvenir. Un soir, ils découvrent que chacun a prévu d’assassiner l’autre : lui par le poison, elle[...]

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  • ZOLA ÉMILE (1840-1902)

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    ...ancienne et malheureuse expérience passionnelle, paraît en 1865. Vivant désormais de sa plume, Zola publie successivement Le Vœu d'une morte (1866), Thérèse Raquin, coup d'envoi de l'esthétique naturaliste (1867), Les Mystères de Marseille (1867), et Madeleine Férat (1868). Son éloge...