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THERMIDORIENS

On désigne sous le nom de thermidoriens les vainqueurs de Robespierre, les 9 et 10 thermidor an II (27 et 28 juillet 1794). Le nom recouvre donc à la fois des anciens terroristes (Tallien, Barras, Fréron) et des modérés de la Plaine (Sieyès, Boissy d'Anglas, Cambacérès). Ce sont les thermidoriens qui gouvernent la France jusqu'à l'établissement du Directoire et même jusqu'au coup d'État de Brumaire, du moins ceux qui s'adaptent le mieux au nouveau cours des choses ; car beaucoup d'ennemis de Robespierre (par exemple Billaud-Varenne, Collot d'Herbois ou Fouché), dont l'action fut décisive en thermidor, seront éliminés définitivement ou momentanément de la scène politique pour être demeurés fidèles à une conception plus démocratique de la Révolution : tous les « hommes de Thermidor » ne se retrouveront pas, à beaucoup près, dans le personnel gouvernemental des thermidoriens.

Les idées politiques et sociales des gouvernants thermidoriens reflètent celles de la bourgeoisie nouvelle, des acquéreurs de biens nationaux et des spéculateurs sur les fournitures de guerre ou les assignats, que les mesures en faveur des pauvres et la tentative de dirigisme économique des Montagnards, en l'an II, avaient inquiétés. Ils pensent, comme Boissy d'Anglas, qu'« un pays gouverné par les propriétaires est dans l'ordre social, celui où les non-propriétaires gouvernent est l'état de nature ». Assurer la prépondérance de la bourgeoisie révolutionnaire est le principal souci des thermidoriens ; leur œuvre annonce en cela le Consulat.

Leur réputation est déplorable. N'ont-ils pas été condamnés à la fois par les historiens royalistes, qui leur reprochent l'écrasement de l'insurrection du 13 vendémiaire, et par les historiens de gauche, qui ne leur pardonnent pas la chute de Robespierre ? Certes, leur gouvernement a correspondu, après le règne de la vertu, à un bien timide relâchement des mœurs (toilettes de Mme Tallien, renaissance de la gastronomie que vont illustrer Brillat-Savarin, Grimod de La Reynière ou Carême). Mais leur œuvre n'est pas négligeable. Dans le domaine de l'enseignement : création des écoles centrales, de l'École polytechnique, du Muséum national d'histoire naturelle attaché au vieux Jardin des Plantes, des Archives nationales, réorganisation de l'Institut de France... Sur le plan extérieur, ils ont continué l'œuvre militaire du Comité de salut public et permis la conclusion des traités de paix avec la Prusse et la Hollande.

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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