THERMORÉGULATION, biologie
Les mécanismes de transfert de chaleur
Il est possible de représenter l'animal homéotherme comme un corps dont le noyau central a une température TC et qui est placé dans un milieu de température TA. Ce noyau est entouré par une enveloppe, où la température décroît progressivement et qui correspond à une partie plus ou moins grande du corps, selon la température externe et l'isolation de l'animal. La chaleur s'échange à travers cette enveloppe entre le corps et l'extérieur selon trois voies : la conduction (et la convection qui en est inséparable), le rayonnement et l'évaporation.
La conduction et la convection
Un échange de chaleur par conduction se produit entre des corps en contact, qu'ils soient solides, liquides ou gazeux. La conduction transfère de l'énergie du corps le plus chaud vers le corps le plus froid. Le flux d'énergie Q qui est échangé par conduction entre un animal à la température TC et son milieu à la température TA est proportionnel à la différence de leurs températures (TC − TA) selon Q = k ( A ( (TC − TA)/x, où A représente la surface corporelle, x l'épaisseur de l'enveloppe (la région où l'on passe de TC à TA) et k un coefficient de conductivité thermique qui dépend de la nature du milieu. Ce coefficient k est environ vingt-cinq fois plus élevé pour l'eau que pour l'air (5,9 ( 10−1, contre 2,4 ( 10−2 J ( s−1 ( m−1 ( 0C−1), ce qui explique qu'un animal se refroidit beaucoup plus vite dans de l'eau que dans de l'air à la même température. On comprend également que le pelage ou le plumage, qui emprisonnent de l'air et abaissent le gradient de température (TC-TA)/x en augmentant l'épaisseur x de l'enveloppe, soient de bons isolants thermiques (en milieu aérien tout au moins).
Le transfert de chaleur dans les fluides est accéléré par des mouvements de convection. L'air ou l'eau qui s'échauffent au contact du corps sont remplacés par du fluide froid, ce qui a pour effet d'augmenter la vitesse de refroidissement du corps. La convection du fluide peut avoir deux causes, une différence de température, qui provoque des changements de densité (d'où une convection dite libre ou naturelle), ou des forces mécaniques externes (vent, courant d'eau, ventilateur, etc.) – on parle alors de convection forcée.
Le rayonnement
Ce mode de transfert est plus délicat à appréhender. Nos yeux perçoivent les rayonnements électro-magnétiques de longueur d'onde comprise entre 0,4 et 0,7 μm, qui correspondent à ce qu'on appelle la « lumière visible ». Nous ne voyons pas les ondes de longueur d'onde supérieure, mais ces dernières, lorsqu'elles sont suffisamment fortes, peuvent être perçues en tant que chaleur. Elles correspondent aux rayons infra-rouges (IR), encore appelés rayons thermiques. Le rayonnement thermique d'un corps dépend de la température de sa surface, à la fois pour son intensité et pour sa longueur d'onde. Plus la surface est chaude, plus l'énergie rayonnée est forte et plus la longueur d'onde de ce rayonnement est courte. Les animaux émettent des rayons IR de longueur d'onde voisine de 10 μm. Cette émission est indépendante de la couleur des animaux dans le visible, elle ne dépend que de la température superficielle des animaux. Inversement, les animaux absorbent l'IR, et cela de la même façon quelle que soit leur couleur (ils se comportent vis-à-vis de l'IR comme des corps noirs). En revanche, leur couleur conditionne leur absorption des rayons solaires visibles. Le transfert de chaleur entre l'animal et son milieu est donc permanent. L'air est presque parfaitement transparent à ce genre de rayonnement, et le transfert de chaleur entre deux corps est en première approximation proportionnel à la différence de leurs températures. Par contre, le rayonnement n'intervient pas dans l'eau.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- René LAFONT : professeur des Universités
Classification
Médias
Autres références
-
DÉSERTS
- Écrit par Roger COQUE , François DURAND-DASTÈS , Huguette GENEST et Francis PETTER
- 20 885 mots
- 16 médias
...pas compatibles avec la vie animale. Des animaux typiquement désertiques exposés en plein soleil aux heures chaudes de la journée meurent rapidement. Tous les animaux « à sang chaud » sont pourvus d'organes régulateurs qui leur permettent de maintenir leur température corporelle à un niveau normal voisin... -
DINOSAURES
- Écrit par Eric BUFFETAUT
- 7 341 mots
- 16 médias
...ont beaucoup varié au fil du temps. Les paléontologues les ont longtemps considérés comme de simples versions énormément agrandies de reptiles actuels. De ce fait, leur physiologie aurait été de type reptilien, c'est-à-dire que la température de leur corps variait en fonction de celle de leur milieu ;... -
ÉCOLOGIE
- Écrit par Patrick BLANDIN , Denis COUVET , Maxime LAMOTTE et Cesare F. SACCHI
- 20 635 mots
- 15 médias
...statistiques, des relations entre certaines caractéristiques physiologiques ou morphologiques et certains facteurs du milieu, en particulier la température. Chez les homéothermes, par exemple, les tailles les plus grandes se rencontrent dans les régions les plus froides (règle de Bergmann). Cela est lié au... -
ÉPIPHYSE ou GLANDE PINÉALE
- Écrit par Berthe VIVIEN-ROELS
- 2 324 mots
- 1 média
Des corrélations étroites ont également été établies chez de nombreuses espècesentre le développement de la glande pinéale et le degré d'homéothermie. De plus, il est démontré que la glande pinéale et les organes qui lui sont souvent associés chez les Vertébrés inférieurs (œil pariétal des lézards,... - Afficher les 19 références