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THÈSES, estampe

Sous l'Ancien Régime, dans chacune des quatre facultés qui composaient l'Université, celle des Arts, de Théologie, de Médecine, et de Droit, l'étudiant devait successivement soutenir plusieurs thèses pour devenir bachelier, licencié et docteur. Pour le baccalauréat en philosophie, c'était d'abord une thèse sur la métaphysique et sur la logique et, quelques jours plus tard, la thèse de licence, qui donnait à l'étudiant le droit d'enseigner, il était alors nommé maître ès arts et pouvait se présenter au doctorat, cérémonie fort coûteuse, mais indispensable pour entrer dans les facultés dites supérieures. En théologie, à Paris, la thèse de baccalauréat s'appelait Tentative et portait sur les attributs de Dieu ; ensuite venait la licence, pour laquelle il fallait défendre trois thèses en deux ans : la Majeure, sur l'Écriture Sainte et l'histoire ecclésiastique, la Mineure, sur les Sacrements, et la Sorbonique sur la Grâce, l'Incarnation, les vertus... Puis l'étudiant soutenait une cinquième thèse, la Vespérie, sur l'histoire ecclésiastique et morale ; peu après suivait la cérémonie du doctorat. Pour entrer dans le corps de la faculté, il passait encore, six ans après, une septième thèse, la Resumpte. En médecine, la thèse de baccalauréat était qualifiée de quodlibetaire, car on y tirait au sort une question du programme ; puis en licence venaient la Cardinale, instituée en 1452 par le cardinal d'Estouteville, qui portait sur l'hygiène, et deux autres Quodlibetaires, sur la pathologie et la thérapeutique, et sur la médecine et la chirurgie ; enfin, pour devenir docteur, l'étudiant présentait la Vespérie et la Doctorie. En droit, tout était plus simple et les soutenances duraient moins longtemps, une ou deux heures au lieu d'un minimum de cinq ; après la thèse de baccalauréat sur le droit civil et les Institutes, on défendait une thèse de droit civil et romain, et une thèse de droit français, écrite et soutenue en français et non pas en latin, contrairement aux autres.

Le plus souvent, les thèses étaient dédiées à de hauts personnages, roi, ministre, prélat, gouverneur... ou à des corps constitués, Parlement ou corps de ville... La soutenance était publique et la cour, l'Église et la magistrature se déplaçaient souvent pour rendre hommage au dédicataire.

En France, à partir des années 1620, on prit l'habitude de faire imprimer les positions des thèses de baccalauréat et de licence, de les orner en haut d'une estampe et parfois même de les présenter dans un encadrement gravé. D'abord offertes par l'étudiant au dédicataire et aux personnes qu'il voulait honorer, ces feuilles étaient ensuite distribuées au public à l'ouverture de la séance ; le tirage variait de cent à deux mille épreuves, dont parfois quelques-unes sur satin. Les thèses les plus prestigieuses, imprimées en deux planches, haut et bas de thèse, sous forme d'affiche, mesuraient de 70 cm à 1 m de hauteur ; mais d'autres étaient éditées en livret. En général, l'illustration était choisie en fonction du dédicataire : son portrait, ses armoiries ou une composition allégorique où les vertus, les sciences, les arts faisaient son apologie, surmontaient une dédicace souvent pompeuse, placée au-dessus du texte de la thèse. Parfois, au lieu de s'adresser à un vivant, le candidat sollicitait le secours de la Vierge, du Christ ou de son saint patron ; plus rarement, il implorait la science sur laquelle il allait être interrogé ; la philosophie, la médecine, la théologie ou la faculté elle-même faisaient alors l'objet de l'illustration. En théologie, la question sur les Écritures posée en exergue justifiait souvent le choix de la composition : une nativité, une fuite en Égypte, ou une allégorie aux vertus théologales pouvaient convenir.[...]

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