THIOBACTÉRIALES
Morphologie et physiologie
Dans l'immensité de ce groupe ne seront sommairement décrits ici que quelques espèces ou genres particulièrement bien individualisés et étudiés.
Le genre Chromatium (Thiorhodaceae) est constitué par des cellules ovoïdes, isolées, mobiles par cils polaires. Il contient de la bactériochlorophylle a et des caroténoïdes, d'où sa couleur pourpre. Les cellules renferment des granules de soufre. Les Chromatium sont tous anaérobies et phototrophes stricts. Ils se développent en utilisant comme donateurs d'électrons des composés minéraux du soufre ou des substances organiques. Douze espèces ont été décrites, dont certaines sont auxotrophes.
Chez Ectothiorhodospira (Thiorhodaceae), le soufre élémentaire se dépose hors de la cellule.
Le genre Thiospirillum (Thiorhodaceae) présente les mêmes caractères que Chromatium, mais la bactérie est spiralée. Cinq espèces ont été individualisées.
Les bactéries formant le genre Chlorobium (Chlorobacteriaceae) sont immobiles, sphériques, ou parfois allongées, spiralées ou en chaînes, Gram-négatives. Elles possèdent souvent une capsule visqueuse. Elles contiennent de la bactériochlorophylle c, et parfois d, et sont de couleur verte. Au point de vue physiologique, ce sont des anaérobies et phototrophes strictes. Elles n'utilisent comme donateurs d'électrons que les composés minéraux, dont l'oxydation libère du soufre élémentaire qui se dépose en dehors de la cellule. Deux espèces ont été décrites.
Les cellules piriformes de Rhodomicrobium (Hyphomicrobiales) se multiplient par bourgeonnement, les cellules filles restant attachées au filament qui les relie à la cellule mère. Rhodomicrobium est mobile par cils polaires. Il contient de la bactériochlorophylle a et des caroténoïdes qui colorent la culture en rouge. Anaérobie et phototrophe strict, il utilise comme donateurs exogènes d'électrons des composés minéraux ou organiques.
Cellules incolores, disposées en chaînes formant des longs filaments (trichomes) non ramifiés et en général cloisonnés, les Beggiatoa (Beggiatoales) se déplacent par glissement sur les substrats solides. Ils se reproduisent par divisions transverses. Dépourvus de pigments, ils ne sont pas photosynthétiques ; ce sont des anaérobies stricts. Ils oxydent l'hydrogène sulfuré en soufre élémentaire qui s'accumule dans les cellules sous forme de granules. Lorsque le soufre exogène est épuisé, ces granules sont secondairement oxydés en sulfate :
Au point de vue de leur phylogénie, on tend à les rapprocher des algues filamenteuses ; celles-ci auraient perdu leurs pigments.
Les Thiobacillus (espèces types T. thiooxidans et T. thioparus) ne font pas partie, stricto sensu, des Thiobactériales, mais ne peuvent être ici passés sous silence. Il s'agit de très petits bâtonnets de 1,5 à 2 μm de long sur 0,5 de large, mobiles par cils polaires, Gram-négatifs. Chimiolithotrophes aérobies, ils tirent leur énergie de l'oxydation de H2S, S2O32- ou S0 :
ΔF′0 étant respectivement égal à − 137,6, à − 253,6 et à − 186,7 kcal/mole.Dans tous les cas, le produit final du métabolisme est l'acide sulfurique libre, dont l'accumulation abaisse jusqu'à 1 le pH du milieu. La tolérance à cette acidification varie d'une espèce à l'autre.
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Écrit par
- Jacques POCHON : docteur en médecine, docteur ès sciences, correspondant de l'Académie des sciences, chef de service à l'Institut Pasteur
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Média
Autres références
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CHIMIOSYNTHÈSES
- Écrit par Alexis MOYSE
- 2 593 mots
- 3 médias
...étudiées par Winogradsky quelques années auparavant (1887), oxydent les sulfures en soufre et ce dernier en sulfates. D'autres bactéries, non filamenteuses, les Thiobacillus, oxydent soit les sulfures, soit le soufre en suspension colloïdale dans l'eau, soit les thiosulfates, et bien d'autres composés minéraux...