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EAKINS THOMAS (1844-1916)

Le professeur

En 1876, Eakins commença à enseigner à la Pennsylvania Academy à Philadelphie où, en 1879, il fut nommé professeur. Il s'inspira des méthodes d'enseignement de Gérôme et de Bonnat. Eakins était connu pour initier très tôt ses élèves à la peinture à l'huile et pour la minutie avec laquelle il enseignait la perspective et l'anatomie. Il se livra même à de nombreuses dissections à l'Academy. Ce penchant pour la science, souvent décrit comme sa caractéristique la plus américaine, est en fait ce qui le rapproche le plus de ses collègues parisiens, Meissonier, Gérôme et Degas. Tous ces maîtres de la perspective étudièrent l'anatomie humaine, firent des expériences photographiques et s'intéressèrent aux photographies d'animaux en mouvement que fit Muybridge en Californie et à Philadelphie entre 1870 et 1890. Eakins lui-même étudia le mouvement avec des séries de photographies et alla jusqu'à inventer un appareil photographique plus précis que celui de Muybridge.

La carrière d'Eakins à la Pennsylvania Academy prit fin le jour où, dans une classe mixte, il fit poser un modèle masculin complètement nu (1886). Il continua d'enseigner dans d'autres établissements, en particulier à l'Academy of Design de New York et, pendant un certain temps, dans son propre atelier à Philadelphie. À la fin du siècle, il fut tellement accaparé par les membres de sa famille et par ses élèves que le public l'oublia. C'est d'autant plus étrange que son maître Bonnat était alors au sommet de la popularité, en particulier auprès des Américains. Fort heureusement, des revenus familiaux lui permirent de conserver une indépendance financière et artistique. Il est possible que le manque d'intérêt et de critique à l'égard de son œuvre l'ait découragé : ses dernières toiles pèchent souvent par la forme et le coloris.

L'importance d'Eakins tient non seulement aux meilleures de ses œuvres et à sa peinture de la vie américaine, mais aussi à son enseignement. En renforçant le programme des études de dessin et de peinture de figures à Philadelphie et à New York (et, par l'intermédiaire de ses nombreux élèves, dans le pays tout entier), il jeta les bases de cet attachement à l'art figuratif qui caractérise périodiquement la peinture américaine : Ashcan School avant la Première Guerre mondiale, réalisme social et régionalisme des années trente et pop art des années soixante.

— Gerald M. ACKERMAN

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<em>La Course des frères Biglin</em>, T. Eakins - crédits : courtesy National Galery of Art, Washington

La Course des frères Biglin, T. Eakins

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