LAWRENCE THOMAS EDWARD (1888-1935)
Thomas Edward Lawrence est essentiellement connu pour son action auprès des tribus arabes pendant la Première Guerre mondiale, ce qui fit de lui un héros presque légendaire et lui valut le surnom de Lawrence d'Arabie.
Lawrence a-t-il été réellement le grand personnage que la littérature et le cinéma ont célébré ? A-t-il été le meneur de jeu des Anglais auprès des Arabes durant la Première Guerre mondiale ? Ses biographes anglais, tout en célébrant ses exploits, ont généralement eu tendance à réduire son rôle politique et militaire pour n'en faire qu'un « conseiller » de Fayçal et de Hussein. Il est cependant incontestable que, avant même 1914, il était en relation avec des chefs arabes, et il est probablement à l'origine des accords secrets conclus entre le résident britannique en Égypte, sir Henry Mac Mahon, et le chérif Hussein de La Mecque en 1916 ; il a poussé également à la révolte des Arabes contre les Turcs. Même si l'on minimise son rôle dans ce domaine, il n'en demeure pas moins qu'il fut l'inspirateur des actions militaires menées par les Arabes.
Un personnage complexe
Son père, sir Thomas Robert Chapman, originaire d'Irlande, abandonna sa famille pour vivre avec la gouvernante de sa fille. Le couple, qui vécut sous le nom de Mr. et Mrs. Lawrence, eut cinq fils – Thomas Edward fut le deuxième – et s'établit en 1896 à Oxford. C'est là que Thomas Edward fit ses études, notamment au Jesus College où il s'intéressa aux problèmes du Proche-Orient. En 1909, il entreprit un premier voyage en Syrie et en Palestine, afin d'étudier l'architecture des châteaux des croisés. Puis de 1911 à 1914, il participa à des campagnes de fouilles archéologiques à Karkemish sous la direction de D. H. Hogarth, puis de Leonard Woolley et perfectionna sa connaissance de la langue arabe. Au début de 1914, avec Woolley et le capitaine Newcombe, il fit une expédition dans la partie nord du Sinaï.
Après l'entrée en guerre de la Turquie, il travailla en Égypte au service britannique de renseignements pour les affaires arabes (le « Bureau arabe »). Lorsque le chérif Hussein de La Mecque proclama la révolte contre les Turcs (juin 1916), Lawrence fut envoyé (pour la première fois officiellement) en mission au Hedjaz où il eut des contacts avec l'émir Fayçal, fils de Hussein, commandant des forces arabes du Hedjaz ; il devint officier de liaison auprès de celui-ci en novembre 1916.
C'est alors que Lawrence fit des forces arabes des troupes entraînées à la guérilla et leur assigna comme objectif la voie ferrée Damas-Médine, qui constituait l'unique voie de ravitaillement des Turcs en Arabie : les premières attaques eurent lieu en mars 1917 ; très vite les Turcs durent se replier, tandis que Fayçal gagnait le port de Wedjh, sur la mer Rouge et que Lawrence s'emparait du port d'Aqaba avec l'aide de la tribu des Houwaytât (mai 1917).
Pour soutenir l'effort du général Allenby sur le front de Palestine, il continua à faire attaquer la voie ferrée mais avec moins de succès qu'en Arabie ; il fut même fait prisonnier par les Turcs à Deraa, mais ne fut pas reconnu car il avait toute l'apparence d'un Arabe ; ayant pu s'échapper, il fut de ceux qui pénétrèrent victorieusement dans Jérusalem, en décembre 1917 ; il participa à des combats dans la région de la mer Morte et entra parmi les premiers dans Damas (1er octobre 1918), qu'il quitta après l'arrivée de Fayçal et d'Allenby pour regagner Le Caire puis l'Angleterre. Ses actions lui avaient valu d'être successivement promu major, puis lieutenant-colonel, et de recevoir l'ordre du Bain et le D.S.O. (Distinguished Service Order). Bien qu'on ait pu écrire que, durant les années de combat, le chef des troupes arabes fut Fayçal, en fait c'est Lawrence qui inspira l'organisation, la tactique[...]
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Écrit par
- ETIEMBLE : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à l'université de Paris-IV
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
Classification
Médias