GAINSBOROUGH THOMAS (1727-1788)
Contemporain et rival de Reynolds, Gainsborough a connu le succès grâce à ses portraits. Son extraordinaire aptitude à saisir la ressemblance, sa virtuosité dans le rendu des étoffes et le traitement de l'arrière-plan, l'élégance formelle de la composition ont été vite appréciées à Bath, puis à Londres, et ont fait sa réputation depuis lors. Pourtant, le genre préféré de l'artiste a toujours été le paysage. Influencé tour à tour par les peintres de pastorales rococo, par les maîtres flamands du xviie siècle, enfin par Claude Lorrain, Gainsborough a fini par trouver un style très personnel dans ce domaine, en faisant du paysage imaginaire le champ d'une recherche plastique et poétique libérée des exigences de la représentation topographique. Méfiant à l'égard des artistes plus savants et plus académiques, il a toujours affiché son goût de la spontanéité et du naturel. Mais ce masque de désinvolture dissimule une qualité de facture et d'invention exceptionnelle.
Les étapes du succès
Comme Constable, Gainsborough est originaire du Suffolk, où il naquit en 1727 dans la famille d'un drapier de Sudbury. Il manifesta des dons précoces de dessinateur, et sa famille accepta de l'envoyer à Londres vers 1740, où il devint l'assistant du graveur français Gravelot, qui diffusa en Angleterre le style rococo. Le jeune homme se mit à peindre sans recevoir de véritable formation, et sans avoir la possibilité de se rendre en Italie. Ses premiers portraits furent influencés par le style de Hogarth et de ses amis de l'académie de Saint Martin's Lane. Ne pouvant gagner sa vie dans la capitale, Gainsborough retourna en 1746 dans son pays natal, après avoir épousé Margaret Burr. À Sudbury, puis à Ipswich, il se fit rapidement une clientèle parmi la bourgeoisie et la petite noblesse locales grâce à son talent de portraitiste. Dans le même temps, il peignit de nombreuses vues du Suffolk à la manière de Ruisdael et Wijnants, dont il pouvait étudier les œuvres dans les collections locales. Afin d'élargir sa clientèle, Gainsborough s'installa avec sa famille à Bath en 1759. Dans cette ville d'eaux où affluaient les gens aisés, il devint rapidement le portraitiste à la mode. Il eut également la possibilité d'exposer à Londres dès 1761. Ce succès ne lui laissait guère de répit pour approfondir son art de paysagiste : « Si les gens avec leurs fichus visages me laissaient seulement respirer un peu, j'apparaîtrais bientôt sous un jour plus flatteur », écrit-il en 1768. Durant cette période, il découvre Van Dyck et Rubens, et se libère des conventions du rococo. En dehors de la peinture, l'artiste se passionne pour la musique et le théâtre ; il joue de la viole de gambe et se lie à des musiciens et à des acteurs dont il donnera de nombreux portraits. C'est aussi un bon vivant aimant la compagnie et la bonne chère. Les écrivains et la littérature, en revanche, l'attirent peu, ce qui est à rapprocher de son indifférence à l'égard de la peinture d'histoire et de la peinture narrative.
En 1774, Gainsborough quitte Bath pour s'établir à Londres où sa réputation était déjà grande. Il se trouve confronté à la concurrence de Reynolds, mais réussit toutefois à se faire attribuer de nombreuses commissions par des membres de l'aristocratie et de la famille royale. Il expose parfois à la Royal Academy, mais n'entretient pas de bons rapports avec l'establishment artistique, qui lui reproche son indépendance vis-à-vis de la grande tradition picturale italienne. Toujours à l'affût de nouveaux moyens d'expression, le peintre se passionne pour les effets de lumière et de mouvement obtenus par Loutherbourg dans son Eidophusicon. Il se construit lui-même une boîte d'optique pour laquelle il peint des paysages sur une plaque de verre[...]
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Écrit par
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