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GERMAIN THOMAS (1673-1748)

Fils d'un orfèvre du roi, Pierre Germain (1647-1684), Thomas doit aux leçons des peintres Boullongne et à la protection de Louvois une formation très complète. En 1688, il est en effet envoyé à Rome où il étudie l'architecture et la sculpture. Ses études des monuments antiques et des églises romaines tempèrent d'un certain classicisme une nature plutôt tentée par la fougue baroque. À son retour en France, il occupe la charge d'orfèvre et sculpteur du roi laissée par son père et obtient un logement au Louvre. C'est à partir de 1720, date de son accession à la maîtrise, qu'il se consacre presque exclusivement à l'orfèvrerie. Thomas Germain se fait bientôt remarquer par son extraordinaire virtuosité technique et par l'élégance de ses compositions. Artiste complet, il peut mener ses œuvres à bien depuis le dessin jusqu'à la ciselure. Son succès est éclatant, aussi bien en France qu'à l'étranger. C'est lui qui fournit la vaisselle d'or de Louis XV, la toilette de Marie Leczinska (1726), celle de la Dauphine (1745), la toilette de la reine d'Espagne, de nombreuses pièces pour la cour de Portugal. Il ne subsiste malheureusement que peu d'œuvres de lui, l'orfèvrerie de Louis XV ayant été fondue et celle du roi de Portugal ayant été, en grande partie, détruite dans le tremblement de terre de 1755. Le Louvre conserve des objets qui attestent une personnalité très variée, aussi capable de se livrer à une rocaille exubérante (seaux à rafraîchir aux armes d'Orléans, écuelle d'argent doré du cardinal da Motta e Silva) que d'imaginer des formes dépouillées (écuelle aux serpents) ou d'un naturalisme surprenant (salières d'Orléans, ornées d'une tortue, d'un crabe et d'une coquille Saint-Jacques). Naturalisme que l'on retrouve dans la soupière aux sangliers ou dans les seaux à rafraîchir aux têtes d'épagneul (coll. part.), tandis que l'esprit rocaille se développe librement dans le mouvement ascendant de candélabres souvent portés par des amours. (On conserve le dessin préparatoire des célèbres girandoles d'or livrées en 1748 pour Louis XV.)

Son fils François-Thomas Germain (1726-1791) est servi par une virtuosité technique semblable à celle de son père, mais ses œuvres dénotent un style rocaille et un naturalisme plus accentués. Il reçoit des commandes prestigieuses. La vaisselle commandée par le roi de Portugal, en partie conservée au musée d'Art ancien de Lisbonne (les salières aux enfants indiens, les saucières ornées de branches de céleri, les surprenantes cloches en feuilles de chou, la salière d'or aux poissons et coquilles), et le service dit de Paris commandé par la tsarine Élisabeth (en partie conservé à l'Ermitage, en partie dispersé) témoignent d'une technique et d'une fantaisie étonnantes tempérées par un sens de la composition et par un goût très sûrs. Malgré ces nombreuses commandes, la carrière de François-Thomas Germain est précocement interrompue par une retentissante faillite (1765) dont il ne peut se relever.

— Colombe SAMOYAULT-VERLET

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre

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