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HOPE THOMAS, dit ANASTASIUS (1770 env.-1831)

Le nom de Thomas Hope reste attaché au mouvement spécifiquement anglais du Greek Revival. Ce terme ne désigne pas un simple retour à des formes antiques plus ou moins indifférenciées, comme c'était le cas depuis plus d'un demi-siècle déjà, mais une véritable doctrine que l'on peut dater de 1804, année où Thomas Hope publia un virulent pamphlet contre le projet de James Wyatt pour le Downing College de Cambridge. Très tôt, aux origines mêmes du néo-classicisme, les voyageurs et les archéologues avaient souligné l'intérêt particulier des vestiges grecs. Les Anglais avaient ouvert la voie puisque, dès 1762, James Stuart et Nicholas Revett avaient publié leurs Antiquities of Athens ; on se souvient aussi du débat qui avait opposé le Français David Leroy à Piranèse à propos de la prééminence de l'architecture grecque sur l'architecture romaine. Bien d'autres découvertes, et surtout celles de Paestum et des ruines de la Grande-Grèce, étaient venues compléter la connaissance historique des monuments antiques. Mais curieusement, malgré les débats théoriques et quelques rares applications dans des constructions modestes (fabriques de jardins, par exemple), la plupart des architectes continuaient à employer les ordres classiques selon Vitruve ou Palladio. Les architectes révolutionnaires en France, Valadier en Italie et Friedrich Gilly en Allemagne ouvrirent de nouvelles perspectives en utilisant les ordres — et surtout le dorique grec — plus strictement. En ce début du xixe siècle, il semble donc que l'on entre dans une phase différente du néo-classicisme, celle d'un « archéologisme » dogmatique, lié à une étude scientifique des vestiges.

Eastnor Castle - crédits :  Bridgeman Images

Eastnor Castle

Thomas Hope illustre parfaitement ce nouveau comportement ; il devint le farouche défenseur des ordres grecs dans toute leur pureté. Ce n'était pas un architecte de profession, mais un riche amateur. Fils d'un marchand anglais d'Amsterdam, il put voyager pendant huit ans, observer, dessiner les vestiges avant d'élaborer sa doctrine sur la prééminence de l'art grec, doctrine déjà énoncée par Winckelmann, mais qu'il fallait désormais faire observer dans toute sa rigueur. Les temps d'ailleurs étaient propices : on rappellera seulement qu'entre 1806 et 1812 lord Elgin réunit les sculptures du Parthénon (acquises par l'État en 1817), dès lors nouveau et unique critère pour la sculpture et, par analogie, pour l'architecture. Hope avait lui-même réuni une immense collection d'antiques dans ses deux demeures, l'une située à Deepdene, Dorking, et l'autre Duchess Street à Londres. Il les avait dotées de vastes annexes, exécutées d'après ses dessins ; elles illustrent sa conception nouvelle des ordres grecs, dans un style proche des tendances architecturales françaises élaborées au cours des années 1790. Le pamphlet contre le projet de Wyatt fut son premier plaidoyer pour le style grec. Il fut bientôt suivi d'un recueil de planches sur le mobilier et la décoration intérieure gravées en grande partie d'après ses dessins (1807) et plus tard d'ouvrages sur le costume grec ancien et moderne (1809 et 1812). Cependant, son premier coup d'éclat avait été un coup de maître : on substitua au projet de Wyatt un dessin de William Wilkins, où cet architecte s'inspirait très précisément de l'ordre ionique de l'Érechthéion. William Wilkins (1778-1839) et Robert Smirke (1780-1867) furent d'ailleurs les deux premiers défenseurs de ce style toujours menacé d'académisme. Curieusement, ils furent en même temps les protagonistes de l'autre grande tendance esthétique du temps : l'architecture néo-gothique.

— Monique MOSSER

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  • : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles

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Eastnor Castle - crédits :  Bridgeman Images

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