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THOMAS L'OBSCUR, Maurice Blanchot Fiche de lecture

Une réinvention de l'imaginaire

Avec ce premier roman (deux autres suivront, Aminabad, en 1942, et Le Très-Haut en 1948), Blanchot inaugure une suite de récits au rang desquels il faut citer, tant il en est proche, L'Arrêt de mort (1948). Refus de toute image, par souci d'explorer l'imaginaire, bris des repères chronologiques, sens des menus détails décrits comme par l'œil d'un clinicien (et qui semble annoncer le Nouveau Roman), écriture de plus en plus dépouillée entrelaçant, dans la sinuosité de phrases labyrinthiques, réflexions paradoxales et descriptions irréalistes.

Parler de « fantastique », ainsi que le fit Sartre à propos d'Aminabad (dans un article de 1943 repris dans Situations I), serait se méprendre sur le sens d'une œuvre qui, si elle fascina nombre d'écrivains dans les années 1970 (Roger Laporte, Bernard Noël, Pierre Madaule), échappe à tout genre identifiable. Emmanuel Levinas sut reconnaître le sens d'une expérience qui tout à la fois « découvre » et reconduit hors de la vérité : « Devant l'obscurité à laquelle rappelle l'art, comme devant la mort, le „je“, support de pouvoirs, se dissout en „on“ anonyme, sur une terre de pérégrinations. Moi de Nomade éternel, se saisissant dans sa marche et non pas dans son lieu, aux frontières de la non-vérité, royaume s'étendant plus loin que le vrai. » Ces phrases semblent avoir été écrites tout particulièrement dans le sillage de Thomas l'obscur, certainement l'une des œuvres les plus singulières du roman français du xxe siècle.

— Francis WYBRANDS

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