Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PIKETTY THOMAS (1971- )

Thomas Piketty est un économiste français, né le 7 mai 1971 à Clichy, dans les Hauts-de-Seine. Il a longtemps été considéré comme le jeune prodige de la science économique française. La publication de son ouvrage Le Capital au XXIe siècle (Seuil), en 2013, donne à son travail un retentissement important sur la scène intellectuelle, médiatique et politique mondiale. Le livre devient en effet un best-seller et connaît un succès international qui alimente les débats entre économistes.

Parcours d’un économiste engagé

Deux ans après avoir obtenu un baccalauréat scientifique à seize ans, en 1987, Thomas Piketty intègre l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. À vingt-deux ans, il achève son doctorat (École des hautes études en sciences sociales [EHESS] - London School of Economics), puis devient assistant professor au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Boston), une des plus prestigieuses universités américaines. À la différence de plusieurs autres jeunes universitaires français consacrés très tôt dans le monde nord-américain, il revient en France en tant que chargé de recherches au CNRS, au sein du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications), laboratoire dominé par les polytechniciens membres de grands corps (Ponts et Chaussées, INSEE).

La « trajectoire d’excellence » de Thomas Piketty ne s’arrête pas là : à vingt-neuf ans, en 2000, il est élu directeur d’études à l’EHESS, devenue un des hauts lieux de la science économique française. En 2007, il dirige la fondation École d’économie de Paris (Paris School of Economics).

Le parcours de Thomas Piketty fait incontestablement de lui un des « grands noms » de la science économique contemporaine. Il est lauréat de plusieurs prix, comme celui de l’Association française de science économique (1993), la médaille de bronze du CNRS (2001), le prix du meilleur jeune économiste « Le Monde – Cercle des économistes » (2002), le prix Yrjö Jahnsson de l’European Economic Association (2013). Cette reconnaissance s’accompagne d’une très forte visibilité publique, notamment à travers ses chroniques dans le journal Libération (à partir de 1998) et ses engagements politiques : lors de la campagne électorale de 2007 au côté de Ségolène Royal, puis, en 2012, pour une réforme fiscale radicale, à la réalisation de laquelle il tente vainement d’amener François Hollande au début de son quinquennat.

Piketty illustre bien la dynamique de la science économique française dans les années 1990-2000. Cette dernière, de plus en plus internationalisée et reconnue dans les rankings (classements internationaux des universités et de la recherche) – ce que manifestent ses liens étroits avec des institutions comme la London School of Economics ou le MIT –, à fort contenu mathématique et quantitatif, est impliquée dans l’espace médiatique et plutôt de « centre gauche », du côté du Parti socialiste, plutôt tendance Rocard ou Strauss-Kahn.

Inscrite dans ce paysage, la trajectoire de Piketty est cependant originale, voire surprenante. Formé aux mathématiques les plus avancées, Piketty est d’abord un spécialiste de la théorie des inégalités, comme l’indique le titre de sa thèse : Essais sur la théorie de la redistribution des richesses (publiée en 1994 chez Économica sous le titre Introduction à la théorie de la redistribution des richesses). Il évolue ensuite, sous l’influence du Britannique Anthony Atkinson, vers l’histoire économique quantitative, renouant explicitement avec la démarche de l’histoire sérielle. À la différence d’une partie de la science économique française, qui continue de développer la théorie « pure » dans une perspective néolibérale, Piketty participe au mouvement mondial vers l’économétrie appliquée et au développement des échanges avec les autres sciences sociales, notamment l’histoire. En 2013, il émaille même[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de sociologie à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • INÉGALITÉS - Les inégalités économiques

    • Écrit par et
    • 5 370 mots
    ...issues de la concentration du capital aux mains d’une minorité de personnes très riches à travers le monde doivent être mieux étudiées. C’est ce à quoi Thomas Piketty a largement contribué à travers la constitution de la base de données World Top Incomes Database sur une trentaine de pays développés...
  • NOS TEMPS MODERNES (D. Cohen) - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 051 mots

    Raréfaction inexorable de l'emploi, à l'origine d'une pauvreté toujours plus grande ; lien social, jadis garanti par les structures entrepreneuriale, étatique et familiale, et désormais menacé par l'essor d'un individualisme dont le néo-libéralisme n'a de cesse...