BUGEAUD THOMAS ROBERT, marquis de la Piconnerie (1784-1849) duc d'Isly et maréchal de France
Issu d'une famille irlandaise qui avait émigré en France, Bugeaud s'engage dans l'armée en 1804, comme vélite, dans les grenadiers à pied de la garde impériale. Il est promu caporal à Austerlitz et blessé à Pultusk ; il combat ensuite en Espagne, où il devient capitaine sous les ordres du général Lamarque. Il met en déroute un régiment anglais, ce qui lui vaut le grade de lieutenant-colonel, et il est promu colonel à son retour en France. Il se rallie à Napoléon pendant les Cent-Jours et combat avec succès les Autrichiens en Savoie. Licencié de l'armée à la seconde Restauration, il se retire dans sa propriété de La Durantie, près d'Excideuil en Périgord, et s'occupe d'améliorer l'exploitation de ses terres en employant le plâtre comme engrais et en développant la culture de la betterave. Au moment de la guerre d'Espagne, le gouvernement refuse sa demande de réintégration dans l'armée. Adhérant à l'opposition libérale, il est en vain son candidat à une élection en Dordogne en 1829.
La monarchie de Juillet le rappelle à l'activité comme maréchal de camp et il est élu député d'Excideuil en juillet 1831 ; il représente la Dordogne à la Chambre jusqu'à sa mort. Attaché à une politique conservatrice et aux intérêts de l'agriculture, il est un défenseur intransigeant du protectionnisme douanier. Il est chargé de la garde de la duchesse de Berry dans la citadelle de Blaye ; cette fonction lui vaut la haine des légitimistes et l'accusation de « geôlier » en janvier 1834 par le député républicain Dulong ; il s'ensuit un duel au cours duquel Dulong est tué. Lors de l'insurrection d'avril 1834, Bugeaud commande une brigade dont certains soldats se livrent à des massacres, notamment rue Transnonain. Les républicains en font porter la responsabilité à Bugeaud, dont l'impopularité persiste à Paris. Envoyé en Algérie, il remporte un premier succès à La Sikkah le 6 juillet 1836. Sous le ministère Molé, comme lieutenant-général, il conclut le traité de la Tafna avec Abd el-Kader le 30 octobre 1837 ; c'est un compromis équivoque reconnaissant à Abd el-Kader une autorité mal définie sur l'Ouest algérien. Rentré en France, Bugeaud passe pour peu favorable à l'extension de la conquête lorsqu'il est nommé gouverneur général de l'Algérie par le ministère Thiers en 1840. C'est pourtant sous son commandement que la domination française s'étend : il obtient une augmentation des effectifs, crée des colonnes mobiles, améliore le sort des soldats auprès desquels il gagne une popularité qu'illustre la célèbre chanson La Casquette du père Bugeaud. La conquête se double d'un effort de colonisation agricole avec la création des bureaux arabes. Maréchal de France en juillet 1843, il obtient la permission d'attaquer le Maroc, qui aidait Abd el-Kader toujours révolté. Sa victoire sur l'Isly, le 14 juillet 1844, lui vaut le titre de duc d'Isly ; il traque ensuite Abd el-Kader, qui doit se rendre en 1847. À cette date, Bugeaud, qui était en désaccord avec plusieurs de ses officiers, et surtout avec le maréchal Soult, président du Conseil, avait donné sa démission. Au moment de la révolution de février 1848, il reçoit le commandement de l'armée et de la garde nationale à Paris, mais Louis-Philippe, en abdiquant, ne lui donne pas la possibilité de résister à l'émeute. Il est porté à la Constituante par une élection partielle à l'automne de 1848 ; les conservateurs songent à lui pour une candidature à la présidence de la République, mais il se désiste en faveur de Louis-Napoléon. Celui-ci, élu président, le nomme commandant en chef de l'armée des Alpes. Il venait d'être élu par la Charente-Inférieure à la Législative, lorsqu'il mourut du choléra.[...]
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Écrit par
- André Jean TUDESQ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux
Classification
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ALGÉRIE
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