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SYDENHAM THOMAS (1624-1689)

Médecin anglais, Sydenham restaura les principes hippocratiques de la médecine. Fidèle soldat de Cromwell, la défaite des royalistes le rend à la vie civile en 1646. Il étudie alors la médecine à Oxford et, après une interruption due à la reprise de la guerre civile, il obtient ses grades de docteur. Pour sa brillante conduite à la bataille de Worcester (1651), il reçoit une gratification qui lui permet de s'installer à Londres où sa situation est un moment compromise lors du retour de la monarchie ; mais sa réputation d'excellent clinicien le sauve et lui vaut une importante clientèle et le surnom d'Hippocrate d'Angleterre, car, durant toute sa vie, il luttera contre la mode ou les systèmes qui en médecine éloignent la clinique de l'observation et de l'expérience. Son œuvre, rédigée en anglais, mais traduite et publiée en latin, a considérablement enrichi la nosologie. Il a magistralement décrit la goutte, dont il souffrait lui-même (De podagra et hydrope, 1683), la danse de Saint-Guy (ou chorée de Sydenham), et donné du catharre un tableau souvent cité jusqu'à nos jours. Plusieurs épidémies survenues à Londres, et dont il note les relations avec les conditions atmosphériques, lui permettent d'individualiser la variole, la rougeole, la scarlatine (à laquelle il donne ce nom), la coqueluche (qu'il baptise pertussis, désignation encore usitée dans de nombreux pays). Ses travaux sur les fièvres éruptives en font le plus grand épidémiologiste du xviie siècle comme le révèlent Methodus curandi febres propriis observationibus superstructa (1666), et certaines parties des Opera medica publiées après sa mort.

Partisan des remèdes simples, il a mis au point en 1669 une préparation à base d'opium, le laudanum de Sydenham, dont il se sert lui-même lors de ses accès de goutte et que l'on emploie actuellement dans le traitement des diarrhées. Il a été probablement le premier à prescrire l'administration d'écorce de quinquina dans l'intervalle, et non durant les accès de fièvre intermittente, et il préféra toujours la diète à la saignée. On lui a reproché d'avoir quitté Londres durant la grande peste de 1665, mais il avait l'illustre exemple de Galien.

Fervent admirateur d'Hippocrate, il fut célèbre par ses boutades (dont certaines, tirées de ses Observationes medicae (1676) ont été réunies en 1843 sous le titre de Sydenham aphorismi de variolis), qui traduisent son attention passionnée pour l'observation de la nature dont il considérait la maladie comme l'un des « dérangements ».

— Jacqueline BROSSOLLET

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