TOMKINS THOMAS (1572-1656)
Décédé à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, Tomkins peut, par là, être considéré comme l'un des survivants de la période élisabéthaine et jacobéenne. Pourtant élève, comme Morley, de William Byrd, il appartient par sa naissance à cette génération de musiciens qui compte dans ses rangs Dowland, Wilbye, Weelkes, Gibbons et quelques autres, tous disparus au tournant du premier quart du xviie siècle.
On le trouve d'abord instructor choristarum à la cathédrale de Worcester, puis « gentleman » de la Chapelle royale, dont il devient organiste en 1621 tout en conservant ses fonctions à Worcester jusqu'au démantèlement de la cathédrale, en 1646, sous Cromwell.
Ce n'est qu'en 1622 qu'il publie ses vingt-huit Songs of Three, Four, Five and Six Parts, madrigaux et « ballets » pour la plupart, dont l'originalité harmonique et la rigueur contrapuntique n'ont d'égale que la beauté mélodique, mais aussi pièces fondées sur des textes bibliques au nombre de quatre, trois à six voix et une à cinq — cette dernière étant le célèbre et très remarquable David's Lament to Absalom.
Du fait de ses fonctions, c'est à l'orgue que Tomkins consacre la plus grande partie de sa musique instrumentale — offertoires, fantaisies, « voluntaries », préludes ou variations se partageant son inspiration — sans négliger toutefois les morceaux pour ensemble de violes, qui brillent par la qualité plutôt que par le nombre, fantaisies à trois et à six parties, et peut-être surtout certaine pavane à cinq parties, joyau entre les joyaux.
Mais ce qui, s'ajoutant au reste de son œuvre, confère à Tomkins sa véritable place parmi ses pairs, c'est sans doute sa musique sacrée, écrite dans la lignée de Byrd et de Gibbons. Qu'il s'agisse de ses « anthems » à trois ou quatre voix confiés tour à tour à des solistes ou au chœur, selon la forme déjà illustrée par ses deux grands prédécesseurs, ou qu'il s'agisse des cinq « services » où il pratique le même style, cette œuvre, publiée après sa mort en 1668 dans la collection Musica Deo sacra, constitue, par son volume comme par son intensité d'expression, une contribution tout à fait originale et permet de le situer alors dans le groupe de tête des musiciens de son temps.
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Écrit par
- Jacques MICHON : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'université de Rouen, musicologue, chef d'orchestre
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