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THOMISME

Le thomisme traditionnel

Le thomisme traditionnel n'est qu'un courant minoritaire dans la tradition scolastique, à côté du scotisme et du nominalisme. En symbiose avec eux et avec leur conservatisme, il s'écarte souvent de la pensée de Thomas d'Aquin. On peut distinguer dans son histoire trois périodes : du xiiie siècle à la Réforme ; de la Réforme au xixe siècle ; à partir du xixe siècle.

Du XIIIe siècle à la Réforme

L'enseignement de Thomas lui-même s'est heurté aux traditionalistes. Dominée par les théologiens conservateurs, l'Université de Paris prohibe, en 1277, une vingtaine (dix au sens obvie, autant à titre indirect) de thèses thomistes amalgamées à des propositions averroïstes. Les rares premiers thomistes sont entraînés dans des polémiques peu favorables à l'étude d'une pensée difficile, tels à Paris, aux xiiie et xive siècles, Pierre d'Auvergne, Bernard de La Treille, Gilles de Lessines, Godefroid de Fontaines, Jean Quidort (de Paris), lequel, au temps de Philippe le Bel, met en œuvre la conception de Thomas sur les relations entre l'Église et l'État ; à Oxford, Richard Knapwell, Robert Orford, Thomas Sutton, Nicolas Trevet ; en Italie, Hannibald de Hannibaldis, Jean de Naples, Remi de Girolami (maître de Dante). Pour le xve siècle, on mentionnera Jean Capréolus, Pierre de Bergame ; l'édition princeps des œuvres de Thomas paraît en 1497. Cette première école thomiste néglige la philosophie de l'être comme acte enseignée par Thomas. En conformité avec son époque nominalisante, elle porte au nombre des œuvres thomistes l'apocryphe Summa totius logicae. Au xvie siècle, les thomistes sont enveloppés avec tous les scolastiques dans le mépris que leur réservent les humanistes. C'est cependant l'époque d'une réelle fécondité pour plusieurs : en Italie, entre autres, le cardinal Cajétan (Thomas de Vio, 1468-1534), que le pape délègue auprès de Luther et qui compose un Commentaire de la Somme de théologie, Sylvestre de Ferrare (1476-1538), qui commente la Summa contra Gentiles ; en Espagne, où le thomisme connaît un grand essor : F. de Vitoria (1492-1546), D. Soto (1494-1560), qui s'engagent avec courage dans les problèmes d'ordre moral soulevés par la colonisation. Les noms de Melchior Cano (1509-1560) et de Dominique Bañez (1528-1604) sont à mentionner pour leur contribution à la vitalité du thomisme au Siècle d'or espagnol.

Les efforts théologiques de la Contre-Réforme se réclament du thomisme. L'organisation des études ecclésiastiques, dans les séminaires, suscite une vulgarisation souvent syncrétiste. Avec les théologiens jésuites, nouveaux venus dynamiques, les thomistes engagent d'interminables querelles sur la liberté et la grâce (De auxiliis). Paraissent alors les grands commentaires académiques de Jean de Saint-Thomas (1589-1644), des Carmes de Salamanque, en Espagne, d'Antoine Goudin, de C. Billuart (1685-1757) en France.

Le XIXe et le XXe siècle

Au xixe siècle, à part Johann Adam Moehler (1786-1838), il faut attendre le mouvement de recherche suscité par l'encyclique Aeterni Patris Unigenitum de Léon XIII en 1879. Alors se multiplient les manuels dits « thomistes », le plus souvent inspirés par les commentateurs de la scolastique tardive, par François Suarez (1548-1617) ou même le rationaliste C. Wolff (1679-1754). Face à la crise moderniste du début du xxe siècle, un académisme « thomiste » se constitue qui, tranchant sur l'attitude d'ouverture dont avait, en toute liberté critique, témoigné en son temps Thomas d'Aquin, prend parfois figure de conservatisme rigide.

Mais un double mouvement, tout à fait positif, se dessine. D'une part, à l'Université de Louvain avec le cardinal Mercier (1851-1926), en France à la suite de Bergson, qui met fin au positivisme[...]

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<it>Le Triomphe de saint Thomas</it>, F. Lippi - crédits : V.Pirozzi/ De Agostini/ Getty Images

Le Triomphe de saint Thomas, F. Lippi

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  • ACTE, philosophie

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