VEBLEN THORSTEIN (1857-1929)
Né aux États-Unis de parents norvégiens immigrés, Thorstein Bunde Veblen a enseigné, après avoir passé un doctorat de philosophie à Yale en 1884, dans plusieurs universités américaines (Chicago, Stanford, Missouri). Sa pensée a subi une triple influence : celle de l'utopie socialiste, celle de l'évolutionnisme (Spencer et Darwin), celle du marxisme enfin, que Veblen rejetait mais dont il devait utiliser de nombreuses notions (en particulier, la distinction entre l'infrastructure économique et la superstructure culturelle).
Il y a au moins trois Veblen : le critique social, qui démystifie avec irrévérence les valeurs de la société américaine ; l'économiste, qui analyse avec rigueur la haute finance et la grande entreprise ; le sociologue du changement social, qui étudie plus particulièrement les déterminants sociaux de la connaissance et les racines psychosociologiques des motivations dans la compétition sociale.
Dans son principal ouvrage The Theory of the Leisure Class (1899), qui est une analyse critique de la vie sociale aux États-Unis, Veblen étudie la classe oisive des hommes d'affaires, qui, socialement isolée, est incapable de s'adapter aux mutations et constitue un obstacle au changement ; et il souligne la fonction sociale de prestige que joue la consommation ostentatoire. Il devait poursuivre cette sociologie critique du capitalisme dans d'autres ouvrages tels que Theory of Business Enterprise (1904), The Instinct of Workmanship (1914) et The Engineer and the Price System (1921).
Veblen, qui ne fut peut-être pas un penseur de premier rang, eut indiscutablement un rôle stimulant pour la pensée, notamment par son élaboration de notions fondamentales telles que celle de relative deprivation et par son ébauche des théories modernes de l'action sociale.
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Écrit par
- Daniel DERIVRY : chargé de recherche au C.N.R.S.
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