THYROÏDE
Pathologie
Maladie de Basedow
Plus fréquente chez la femme que chez l'homme, surtout observée entre vingt et trente ans et au voisinage de la ménopause, la maladie de Basedow, très commune, associe un syndrome d'hyperfonctionnement thyroïdien à un goitre et à une exophtalmie.
Le goitre, généralement discret, est diffus, ferme, élastique. Très vasculaire, il peut présenter un souffle à l'auscultation.
Le syndrome hyperthyroïdien (thyrotoxicose) se traduit par trois signes principaux : un amaigrissement rapide, contrastant avec l'augmentation de l'appétit ; une tachycardie régulière à 100, 120, accrue par les émotions, accompagnée de palpitation, d'éréthisme cardio-vasculaire ; un tremblement menu, rapide, prédominant aux extrémités. À ces signes fondamentaux s'associent de nombreux symptômes qui valent surtout par leur association : thermophobie, sueurs, rougeur des téguments, soif intense, diarrhée, et, par-dessus tout, une hyperémotivité considérable, une grande instabilité psychomotrice.
L'amaigrissement peut se compliquer d'un syndrome myasthéniforme se traduisant par une faiblesse musculaire, affectant surtout les muscles des racines et du tronc, obligeant les malades à s'aider des mains pour se relever lorsqu'ils sont assis.
L' exophtalmie est rarement le premier signe qui attire l'attention. Elle se manifeste parfois simplement par un éclat du regard, éclat associé à une rétraction de la paupière supérieure qui ne suit plus le globe oculaire dans son abaissement (signe de De Graefe). L'élargissement de la fente palpébrale donne au regard une expression tragique, de « peur figée ». L'exophtalmie proprement dite comporte une saillie des globes oculaires associée à un œdème des paupières. Les globes oculaires paraissent exorbités et leurs mouvements sont limités. L'iris est largement découvert ; l'œil est congestionné, larmoyant ; les paupières œdématiées forment des bourrelets. Certaines formes malignes comportent des troubles fonctionnels pénibles : douleurs, photophobie, éversion des conjonctives (chemosis), parésies des muscles oculaires provoquant de la diplopie, enfin apparition possible d'ulcérations cornéennes ou de lésions rétiniennes : œdème, hémorragie, réduction de l'acuité visuelle.
Les exophtalmies sévères peuvent s'accompagner d'infiltrations œdémateuses circonscrites des membres inférieurs, en avant de la crête tibiale ; ces œdèmes ne se laissent ni déprimer ni plisser et à leur niveau l'épiderme a un aspect de « peau d'orange » (myxœdème prétibial).
Il est aujourd'hui démontré que seul le syndrome palpébrorétractile est imputable à l'hyperthyroïdie. L'exophtalmie vraie œdémateuse et l'œdème prétibial semblent en rapport avec la mise en circulation d'un principe thyréostimulant, différant de la TSH par son action plus tardive et plus prolongée (long acting thyroid substance ou LATS). Cette substance ne provient pas de la thyroïde ; c'est une protéine anormale, une 7S immunoglobuline G, apparentée aux anticorps.
Les examens de laboratoire confirment l'hyperactivité thyroïdienne. Le métabolisme basal est augmenté de 30 à 40 p. 100 et plus. Le taux du cholestérol sanguin est abaissé. L'iode protidique du plasma (PBI) et l'iode extrait par le butanol (BEI) sont en quantités supérieures à la normale. L'iode hormonal se situe entre 8 et 12 microgrammes pour cent (au lieu de 4 à 8). Le test de Hamolsky est supérieur à l'unité.
L'épreuve de l'iode radioactif montre une captation thyroïdienne à la fois précoce et très élevée (70 à 80 p. 100 à la 24e heure). La courbe s'abaisse ensuite, dessinant un « angle de fuite ». Le rapport H/P atteint rapidement des valeurs très faibles, ce qui indique une forte[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques DECOURT : professeur honoraire de clinique endocrinologique à la faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine
Classification
Médias
Autres références
-
CONTRÔLE CENTRAL DE L'APPÉTIT
- Écrit par Serge LUQUET
- 5 946 mots
- 6 médias
...alimentaire mais portent aussi sur le métabolisme général, donc sur la balance énergétique. L'axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien en est un bon exemple. La glande thyroïde, située à l’avant du cou, produit notamment deux hormones clés, la tétraiodothyronine (thyroxine ou T4) et la triiodothyronine (T3), en... -
CROISSANCE, biologie
- Écrit par Encyclopædia Universalis , André MAYRAT , Raphaël RAPPAPORT et Paul ROLLIN
- 14 760 mots
- 7 médias
...organisation normale du cartilage de croissance et s'accompagne d'une diminution de sécrétion de l'hormone de croissance. Une telle situation est provoquée par l'absence congénitale de glande thyroïde ou par l'insuffisance thyroïdienne tardive. Ces hormones contrôlent la formation de l'os, et leur diminution... -
GRAVES MALADIE DE
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 428 mots
Maladie endocrinienne, la maladie de Graves est la plus fréquente cause d'hyperthyroïdie ou thyrotoxicose (hypersécrétion d'hormone thyroïde). Dans la maladie de Graves, la sécrétion excessive d'hormone thyroïde s'accompagne habituellement d'une hypertrophie diffuse de la...
-
HORMONES
- Écrit par Jacques DECOURT , Encyclopædia Universalis , Yves-Alain FONTAINE , René LAFONT et Jacques YOUNG
- 14 354 mots
- 11 médias
La thyréostimuline (ou thyro stimulating hormone, TSH) tient de même sous sa dépendance la glande thyroïde, dont elle maintient la trophicité chez l'animal hypophysectomisé et dont elle stimule la sécrétion. Elle active la captation d'iode par la glande et le passage dans le sang... - Afficher les 18 références