Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

THYROXINE ou TÉTRAIODOTHYRONINE (T4)

La thyroxine est la principale hormone produite par la glande thyroïde. Son dosage permet la détection de l'hypothyroïdie et de l'hyperthyroïdie.

Edward C. Kendall - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone / Getty Images

Edward C. Kendall

C'est Edward C. Kendall, un biochimiste américain qui, de 1910 à 1914, a réussi à isoler chimiquement la thyroxine et à en décrire les signes cliniques, l'absence ou l'insuffisance quantitative de cette hormone étant à l'origine de pathologies telles que le crétinisme et, plus fréquemment, les goitres. Kendall a reçu en 1950, avec Tadeus Reichstein et Philip S. Hench, le prix Nobel de physiologie ou médecine, cette fois pour avoir isolé des hormones du cortex des glandes surrénales, ce qui devait aboutir à la production de cortisone et à son usage en thérapeutique.

Les travaux de Kendall sur la thyroxine ont marqué la fin d'un siècle de recherches sur l'origine des pathologies liées à l'insuffisance ou à la surabondance de cette hormone. Celles-ci sont particulièrement fréquentes dans les zones montagneuses éloignées de la mer (d'où l'expression « crétin des Alpes »). De nombreuses études épidémiologiques menées en Italie du Nord, dans les Alpes et en Suisse depuis le milieu du xviiie siècle avaient montré que le crétinisme et le goitre étaient sans doute dus à la carence d'un élément indispensable. Aussi bien Jean-François Coindet, médecin à Genève, soignait-il les goitres avec de l'iode dans les années 1830. Le lien avec le fonctionnement de la glande thyroïde est établi entre 1880 et 1890. Un chirurgien bernois, Emil Kocher, traitait les goitres par l'ablation de la thyroïde. Jacques-Louis Reverdin, médecin de Genève, l'informe des conséquences de la thyroïdectomie sur les patients, qui développent des signes cliniques dont un aspect de la peau bien particulier appelé myxœdème. Ce que confirme Kocher lorsqu'il réexamine ses patients en 1882-1883. Moritz Schiff avait montré dès 1856, à Genève, que des chiens dépourvus de thyroïde ne survivaient pas, mais que la greffe de thyroïde dans leur péritoine permettait leur survie. Il suggère l'usage d'extraits de thyroïde pour traiter le myxœdème. Mais le traitement du myxœdème par l'injection d'extraits de glandes thyroïdes animales est établi par George R. Murray (1865-1939), un médecin britannique, en 1881, ce qui éclipse la contribution essentielle de Schiff. On n'établit cependant pas encore le lien avec l'iode. En 1909, dans l’Ohio, David Marine démontre que l'iode est nécessaire au fonctionnement de la thyroïde et introduit l'usage de l'addition d'iode dans la nourriture. De 1910 à 1914, Kendall montre, à la Mayo Foundation de Rochester (il y restera jusqu'à sa retraite en 1951), que l'iode est fixé sur une grosse protéine de la thyroïde, il isole l'hormone thyroïdienne – la thyroxine – et, à la fin de 1914, il révèle son activité chez des animaux sans thyroïde et démontre que l'hormone devient inactive quand on lui enlève l'iode qui lui est associé. L'utilisation d'extraits de thyroïde, en particulier de porcs, pour traiter l'insuffisance thyroïdienne se poursuit. La thyroxine a été reproduite chimiquement en 1927.

— Gabriel GACHELIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Média

Edward C. Kendall - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone / Getty Images

Edward C. Kendall

Autres références

  • CROISSANCE, biologie

    • Écrit par , , et
    • 14 760 mots
    • 7 médias
    Dès la naissance, les hormones thyroïdiennes (thyroxine ou T4 et plus probablement triiodothyronine ou T3) contrôlent la croissance. Leur absence empêche la mise en place d'une organisation normale du cartilage de croissance et s'accompagne d'une diminution de sécrétion de l'hormone de croissance....
  • GLYCÉMIE

    • Écrit par et
    • 3 639 mots
    • 2 médias
    La thyroxine, hormone thyroïdienne, semble jouer son rôle en lançant la néoglucogenèse à partir des lipides.
  • HORMONES

    • Écrit par , , , et
    • 14 354 mots
    • 11 médias
    ..., TSH) tient de même sous sa dépendance la glande thyroïde, dont elle maintient la trophicité chez l'animal hypophysectomisé et dont elle stimule la sécrétion. Elle active la captation d'iode par la glande et le passage dans le sang des iodothyronines(thyroxine et tri-iodothyronine).
  • HORMONES THYROÏDIENNES - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 336 mots

    1656 Thomas Wharton nomme la glande « thyroïde » par analogie avec un bouclier grec ancien.

    1792 François-Emmanuel Fodéré publie Essai sur le goitre et le crétinage, première enquête épidémiologique sur le lien entre eau et goitre.

    1820 Jean-François Coindet, de Genève, utilise l'...