TIBET (XIZIANG)
Religion et littérature
Croyances religieuses prébouddhiques
Signification du Bon
Ce que l'on sait des croyances religieuses prébouddhiques au Tibet se limite aux références contenues dans la littérature postérieure et à l'existence de croyances et de pratiques antérieures au bouddhisme, qui, au cours des siècles, n'ont cessé de faire partie de la religion tibétaine générale. La tradition bouddhique postérieure désigne toute croyance, toute pratique religieuse non bouddhique au Tibet sous le nom de Bon, terme probablement apparenté au nom tibétain du Tibet, Bod, et qui pourrait signifier « indigène ». Des érudits modernes ont généralement admis sans critique que Bon désignait la religion prébouddhique, mais en fait le terme de Bon est employé à la période la plus ancienne, dans l'acception exclusive de « prêtre », sans doute spécifiquement un prêtre qui invoque (du verbe 'bod-pa : appeler). Il a donc pu y avoir confusion entre deux termes d'origines différentes. Le terme authentique pour désigner la religion prébouddhique au Tibet est lha-chos, qui signifie « choses sacrées », et il semble avoir englobé tout un éventail de croyances. Comme les plus anciens documents écrits étaient établis sous les auspices de la cour royale, on a l'impression que les croyances les plus importantes étaient organisées autour du roi lui-même, être divin. Celui-ci porte le titre de Fils divin (Lha-sras), et l'on croyait qu'à une époque mythique antérieure le roi était véritablement descendu des cieux par une corde sacrée et y retournait une fois révolu le temps de son existence. Une chronique royale primitive relate que, pour un certain roi, la corde sacrée fut coupée et que depuis lors les rois ont leur sépulture sur la terre.
Les tombes royales
Dans la vallée du Yar-lung proche de Lhasa, résidence traditionnelle de la dynastie royale qui régna dans cette ville à partir du viie siècle, se dresse un groupe de dix tumulus qui sont en fait les tombes de huit rois et de deux princes. Elles ont été pillées il y a longtemps et, jusqu'à présent, n'ont pas fait l'objet de fouilles, mais des inscriptions en pierre ont permis des identifications. Il est vraisemblable qu'autrefois les compagnons du roi ont été mis à mort et ensevelis avec lui dans sa tombe avec certains de ses biens de prédilection. À une période plus tardive, ils ne furent plus tués, mais demeuraient attachés à la tombe dont ils étaient les gardiens, rituellement coupés de la vie quotidienne et vivant des offrandes substantielles apportées à la tombe lors des fêtes régulières, pendant lesquelles les pseudo-morts se dissimulaient. Si des hommes ou des animaux approchaient de la tombe à d'autres moments, les gardiens pouvaient s'en emparer et en faire leurs serfs et leur propriété. On célébrait des rites compliqués dont des prêtres appelés Bon (invocateurs) et gShen (sacrificateurs) étaient les protagonistes. Une description ancienne d'une cérémonie funéraire royale au cours de laquelle on sacrifiait sûrement des animaux a été conservée.
Les dieux locaux
La religion primitive concernait également les relations avec les dieux et démons locaux, qui intervenaient continuellement dans les affaires des hommes. Les prêtres assumaient aussi la responsabilité de découvrir par des sortilèges ou des calculs astronomiques les causes des malheurs et des pertes, puis d'accomplir la cérémonie nécessaire en vue d'y remédier. Lorsque le dieu ou le démon cause du mal avait été identifié, on pouvait procéder de deux façons : soit l'amadouer par une offrande pour qu'il parte comblé, soit l'effrayer en appelant à l'aide des dieux plus puissants. Ceux-ci étaient invoqués par les liturgies traditionnelles qui rappelaient leurs origines et décrivaient leurs pouvoirs spéciaux, et il est possible que le prêtre lui-même ait personnifié[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Chantal MASSONAUD : chargée de mission au musée Guimet
- Luciano PETECH : professeur à l'université de Rome
- David SNELLGROVE
:
Fellow of the British Academy - Pierre TROLLIET : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés
- Écrit par Philippe PELLETIER
- 23 142 mots
- 4 médias
...de cette nouvelle situation au cœur de l'Asie, la Chine réalise deux projets majeurs en 2006. D'une part, elle prolonge son réseau ferroviaire jusqu'au Tibet, en ouvrant la voie Golmud-Lhassa (1 100 km), la plus haute du monde (col de Tanggula, 5 072 m), qui lui permettra de renforcer sa mainmise sur... -
BHOUTAN
- Écrit par Benoît CAILMAIL , François DURAND-DASTÈS , Alain LAMBALLE et Chantal MASSONAUD
- 7 360 mots
- 6 médias
...aurait été peuplé au cours du Ier millénaire par des tribus d'origine indo-mongole, confédérées en États princiers, au moment où règne au Tibet le roi Srong-btsan sGam-po. C'est alors que les Tibétains firent leurs premières incursions dans le pays qu'ils nomment Lho-yul (pays du Sud) ou... -
BOUDDHISME (Histoire) - L'expansion
- Écrit par Jean NAUDOU
- 3 116 mots
- 4 médias
La conversion du Tibet au bouddhisme se confond avec l'introduction des civilisations indienne et chinoise, dans ce pays isolé et resté à l'écart des grands courants culturels jusqu'au milieu du viie siècle de notre ère. Le bouddhisme pourtant, d'après la légende, serait apparu au... -
BRAHMAPOUTRE
- Écrit par François DURAND-DASTÈS
- 600 mots
- 1 média
- Afficher les 32 références