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PETROSSIAN TIGRAN (1929-1984)

Né le 17 juin 1929 à Tbilissi, en Union soviétique (aujourd’hui en Géorgie), de parents arméniens, Tigran Vartanovitch Petrossian est inscrit à huit ans à la section échecs du palais des Pionniers. Petrossian ne fut pas un enfant prodige mais un joueur doué qui battit à treize ans Flohr en simultanée. Il comprit rapidement qu'il progresserait au contact des forts joueurs. En 1946, il s'éloigna d'Ebralidze, bon joueur positionnel, pour s'installer avec sa famille à Erivan, où résidait le compositeur échiquéen Genrikh Kasparian, dont l'influence se connaîtra dans la perfection manifestée par Petrossian en finale, ce qui lui vaudra le surnom de « Capablanca soviétique ». Il obtint le titre de maître à Moscou, où il vécut un peu plus tard. « Je crois uniquement dans un jeu logique », affirma souvent Petrossian. Son style de jeu se forma durant les années 1945-1949, où cette « logique » lui apparut à la lecture de l'œuvre de Nimzowitsch qui traitait les thèmes de la prophylaxie, du blocage... Si Petrossian dut vendre ses livres, jamais il ne se sépara de Nimzowitsch et de L'Art du sacrifice aux échecs de Spielmann. Durant cette période, le décès de ses parents l'obligea à travailler pour vivre. Sans doute cet événement eut-il une influence sur son jeu prudent, préventif, exempt de risques. Romanovsky critiqua ce style de jeu qui entraînait une proportion de parties nulles trop élevé, de rares défaites mais aussi peu de victoires.

De fait, Petrossian aimait « la lutte stratégique complexe avec prédominance d'éléments dynamiques ». Les systèmes qui portent son nom se caractérisent davantage par la volonté de gêner le développement adverse, de freiner ou de prévenir ses contre-attaques, plutôt que par la fulgurance d'attaques foudroyantes. Champion de Moscou en 1951, il devint grand maître international en 1952 (2e-3e à l'Interzonal de Stockholm). Cette année-là marque les débuts internationaux de Petrossian, que l'on considère comme l'un des dix meilleurs joueurs soviétiques pour la période qui suit.

En 1953, Petrossian se classe cinquième au tournoi des Candidats de Zurich, et sa réputation grandit. Simple dans ses manières et de caractère affable, la communauté arménienne dispersée à travers le monde en fait son champion. En 1958, il disputa les Olympiades (il fut membre de l'équipe soviétique en 1960, 1962, 1964, 1966, 1970, 1972, 1974 et 1978). Devenu champion d'U.R.S.S. en 1959 (il le fut à nouveau en 1961, 1969 et 1975), Petrossian n'enthousiasmait pas les foules. Il visait les places d'honneur des tournois pour être qualifié dans les compétitions d'un niveau supérieur.

Sa victoire en 1962 au tournoi des Candidats de Curaçao en fit l'adversaire de Botvinnik pour disputer le titre de champion du monde. Ce dernier craignait moins ce Petrossian au style proche du sien, enclin au pacifisme, que ses adversaires antérieurs, Bronstein, Smyslov ou Tal, redoutables attaquants. Le match débuta le 22 mars 1963 à Moscou et Petrossian perdit la première partie. Mis en confiance, Botvinnik accepta d'entrer dans une position légèrement inférieure dans la cinquième partie, mais Petrossian exploitera avec précision des avantages microscopiques jusqu'à la victoire finale.

Le champion du monde était battu sur son propre terrain, celui de la technique. Après une nouvelle défaite dans la septième partie, les attaques de Botvinnik se brisèrent contre un mur positionnel. Une série de parties nulles suivit, témoignant d'une volonté d'attendre l'occasion favorable. Cette politique fatigua Petrossian, mais surtout Botvinnik, de dix-huit ans plus âgé. Ce handicap s'agrandit lors des ajournées que Botvinnik dut analyser seul, ayant refusé l'aide d'un secondant. Petrossian perdit la quatorzième partie mais gagna les quinzième, dix-huitième, dix-neuvième.[...]

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