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TIGRE, fleuve

Syrie : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Syrie : carte physique

En arabe Didjla, en turc Dide (formes modernes du Diglat antique), le Tigre déroule la majeure partie de son cours (1 950 km) en Mésopotamie. Né en Turquie du Sud-Est, le fleuve est montagnard (gorges) jusqu'à son entrée dans les plateaux de Djézireh à Cizre. Il traverse la Djézireh irakienne dans une vaste dépression synclinale et franchit par des gorges de nombreux chaînons. Il reçoit sur sa rive gauche une série d'affluents importants descendus des montagnes du Zagros, le Grand Zāb (392 km) grossi du Khazir, le Petit Zāb (400 km), l'Adhaïm (230 km) et, en aval de Bagdad, la Diyālā (386 km). Il pénètre dans la plaine de Mésopotamie (Irak el-Arabi) à Balad, un peu en aval de Sāmarrā, où, à 50 mètres d'altitude, il est encore à 972 kilomètres du golfe Persique. De Balad à Kūt, le Tigre (qui s'est rapproché de l'Euphrate au niveau de Bagdad) parvient encore à drainer sa plaine sauf pendant les crues ; de Kūt à la mer, au contraire, le fleuve se déverse en immenses marécages et son cours devient incertain : jusqu'au xve siècle, il coulait plus au sud, dans le Chatt el-Gharraf, et rejoignait l'Euphrate dans le lac Hammar. Son trajet actuel lui permet de recevoir les eaux de la Kherka, descendue des montagnes d'Iran. Il conflue avec l'Euphrate à al-Qurna, à 64 kilomètres en amont de Bassorah, pour former le Chatt el-Arab. L'alimentation du Tigre, dans un bassin montagnard enneigé, en fait un torrent abondant (1 254 m3/s à Sāmarrā), mais brutal (crue maximale dix fois supérieure au débit moyen) et irrégulier : 53 p. 100 de ses eaux sont écoulées en mars, avril et mai. Ses crues sont terribles et ont provoqué dans l'histoire des inondations catastrophiques. À partir de Kūt, il perd, par l'irrigation et par ses déversements dans les marécages, plus de 80 p. 100 de ses eaux. Le Tigre n'est donc utile à l'homme qu'au prix de grands travaux destinés à réduire ses dévastations et à accumuler en réserve ses eaux de crue, tâche que seule l'époque moderne est en mesure de réaliser pleinement. Des barrages sur les affluents (Bekhme sur le Grand Zāb, Dukan et Batma sur le Petit Zāb, Demir Kapou sur l'Adhaïm, Derbendi Khan et Khan ben Saad sur la Diyala) retiennent les crues ; le barrage de Sāmarrā dirige le surplus des crues vers la dépression du wadi Tharthar dans la basse Djézireh ; d'autres barrages (Kūt) dirigent l'irrigation. Des digues protègent champs, villes et villages. Le Tigre est un sujet de litige entre l'Irak et la Turquie, qui souhaite construire de nouveaux barrages-réservoirs qui risquent de diminuer le débit du fleuve.

— Jean-Marc PROST-TOURNIER

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth

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