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RIEMENSCHNEIDER TILMAN (entre 1460 et 1468-1531)

Sculpteur allemand né à Osterode dans le Harz, selon les archives de Würzburg qui, pour l'année 1483, signalent sa présence au sein de la corporation des peintres, des sculpteurs sur bois et des verriers. Ayant épousé la veuve d'un orfèvre en 1485, Tilman Riemenschneider accède à la notabilité en cette ville : il est conseiller en 1504, bourgmestre en 1520-1521. Mais, pour avoir pris parti contre les princes dans la guerre des Paysans, il est déchu, mis en prison et torturé. La tourmente apaisée, Riemenschneider reprendra le cours d'une activité artistique exceptionnelle jusqu'à sa mort à Würzburg.

Sa formation première reste enveloppée d'obscurités. On ignore s'il a été initié à la sculpture à Osterode, à Goslar ou à Hildesheim. Selon J. Bier, il aurait appris la sculpture sur pierre, l'albâtre surtout, à Erfurt, où il travailla pour l'église Saint-Pierre, et la sculpture sur bois à Ulm, dans l'atelier de Michel Erhart ; il fut dans cette ville en contact avec l'art de Jörg Syrlin. Dans l'art de Riemenschneider, l'apport souabe (notamment celui de la Vierge protectrice de Ravensburg, par F. Schramm, musées de Berlin) et l'apport haut rhénan sont déterminants. Ce dernier n'est pas seulement manifeste dans les emprunts, si largement effectués alors, aux gravures de Martin Schongauer, il se nourrit aussi de la copie littérale de deux groupes en albâtre : La Vierge avec saint Jean et les saintes femmes, et Le Centurion avec Nicodème et Joseph d'Arimathie que l'on doit à un maître alsacien influencé par l'art des anciens Pays-Bas (env. 1475, musée de l'Œuvre Notre-Dame à Strasbourg), sans oublier les hauts-reliefs de l'ancien retable de la chartreuse de Strasbourg, d'une inspiration voisine. On pourrait être tenté d'attribuer à Riemenschneider la paternité des deux groupes d'albâtre et de les dater de son arrivée à Erfurt, autour de 1480-1481, s'il ne manifestait pas à l'égard des tendances du réalisme des Pays-Bas et de celui d'Alsace, porté à l'intimité poétique, une réserve certaine, que ses œuvres postérieures marquées d'une stylisation monumentale confirmeront.

Cette volonté est manifeste dans le gisant de Konrad de Schaumberg (mort en 1499), dans le tombeau de l'empereur Henri II et de l'impératrice Cunégonde, à la cathédrale de Bamberg (1499-1513), et même dans celui, si impressionnant, de l'évêque Rodolphe de Scherenberg (1496-1499), dans la cathédrale de Würzburg, où l'on retrouve l'influence de Nicolas Gerhaert de Leyde. En 1491-1493, cette même rigueur donnait déjà une certaine gravité, malgré leur charme, aux statues d'Adam et d'Ève, jadis dressées au portail sud de la chapelle de la Vierge de la cathédrale Saint-Kilian de Würzburg.

<it>Assomption de la Vierge</it>, T. Riemenschneider - crédits :  Bridgeman Images

Assomption de la Vierge, T. Riemenschneider

La série des retables en bois de Riemenschneider débute en 1490 par le Retable de Sainte-Madeleine, au maître-autel de l'église de Münnerstadt : la sainte ravie par les anges est une sœur délicieuse de l'Ève en pierre de Saint-Kilian. L'artiste a représenté la vie et la mort de la sainte ainsi que le collège des apôtres. Elle se poursuit par le Retable du Saint-Sang (1499-1504) à Saint-Jacques de Rothenburg ob der Tauber, aux volets si proches de l'art de Schongauer et au baldaquin flamboyant peuplé d'anges autour de l'Annonciation. Le Retable de la Crucifixion, dans la chapelle Saint-Michel de Rothenburg (église de Dettwang) est d'une inspiration strasbourgeoise indéniable. Il faut citer enfin le Retable de l'Assomption de la Vierge dans la Herrgottskirche de Creglingen, datant des environs de 1505, qui marque par sa dynamique expressive un des sommets de l'art de Riemenschneider. Sa composition pyramidale présente, en haut, la Vierge ravie par les anges sous les yeux des[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du département des Sculptures au musée du Louvre

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<it>Assomption de la Vierge</it>, T. Riemenschneider - crédits :  Bridgeman Images

Assomption de la Vierge, T. Riemenschneider