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TIMBRE, musique

Les transitoires

Un son musical ne s'établit et ne s'éteint pas instantanément. On appelle « transitoires » les phénomènes acoustiques évolutifs en présence lors de l'établissement et de l'extinction des sons. La durée de ces phénomènes transitoires, mais aussi l'ordre d'apparition et d'extinction des divers composants des sons (harmoniques et partiels), conditionnent largement le timbre. Dès l'apparition de la bande magnétique, il a été facile de montrer que les transitoires conditionnent très largement le timbre. En effet, il suffit de lire une bande de musique de piano à l'envers pour confondre le timbre du piano avec celui de l'accordéon ; il suffit de couper les attaques du violon pour ne plus reconnaître l'instrument ; il suffit de « gonfler » artificiellement l'extinction d'un accord de piano pour penser qu'il s'agit d'un accord d'orgue !

Comme on le voit, la notion de timbre recouvre une combinatoire très compliquée de nombreuses variables. Il faudrait encore citer les modifications de timbre dues à la salle où se joue l'instrument : tel violon paraît « sec », « maigre » dans un petit local très amorti et « sonne » à merveille, avec un timbre « moelleux » et « riche », dans telle salle réverbérante. Il convient une fois encore d'insister sur le rôle de l'oreille individuelle dans l'appréciation du timbre. Une oreille « jeune », statistiquement, perçoit bien l'aigu et le suraigu qu'une oreille plus âgée ou pathologique perçoit mal : pour les uns, tel instrument est « agressif » ; pour d'autres, il est « chaud » et « rond ».

D'une façon très générale, si le timbre de tel ou tel instrument dépend de la nature de l'excitation et des particularités physiques du corps sonore, le musicien peut plus ou moins agir sur le timbre en cours de jeu. Sur un même instrument, tel musicien a une « jolie sonorité », tel autre un « vilain timbre »... On notera encore que l'appréciation de la qualité du timbre est largement fonction du conditionnement musical auquel a été soumis l'auditeur : tel musicien indien ne peut supporter le timbre du piano ; tel musicien européen honnit le timbre de la vièle à deux cordes vietnamienne...

Le concept de timbre n'a donc pas la belle simplicité qu'on lui attribuait naguère, et les variables psychophysiologiques y comptent peut-être autant que les variables physiques.

— Émile LEIPP

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chargé de cours d'acoustique au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

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Média

Son - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

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