TIMOR ORIENTAL
Nom officiel | République démocratique du Timor oriental (TL) |
Chef de l'État | Taur Matan Ruak (depuis le 20 mai 2012) |
Chef du gouvernement | Xanana Gusmão (depuis le 8 août 2007) |
Capitale | Dili |
Langues officielles | Portugais, tetum 1
|
Unité monétaire | Dollar des États-Unis (USD) |
Population (estim.) |
1 385 000 (2024) |
Superficie |
14 950 km²
|
Histoire
Du Portugal à l'Indonésie
Attirés par le précieux bois de santal, les Portugais étaient arrivés à Timor dès le début du xvie siècle. Issus du métissage, les « Portugais noirs » ou « Topasses » ont joué un rôle important jusqu'au xviiie siècle. Les missions catholiques ont aussi été très actives. Mais, en raison des révoltes de chefs locaux (Liurai) et des attaques des Néerlandais, ce n'est qu'au début du xxe siècle que les « Portugais blancs » renforcent véritablement leur emprise, réduisant dans le sang une dernière rébellion en 1912. Un arrêt de la Cour internationale de justice fixe en 1914 la frontière avec les Indes néerlandaises dont fait partie Timor occidental. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Timor devient un enjeu stratégique, des commandos australiens, aidés par la population locale, y livrent de durs combats aux Japonais. Le repli des Australiens en 1943 coûte très cher aux Timorais.
Alors que l'Indonésie proclame son indépendance en 1945, Timor oriental reste une petite colonie négligée du régime de Salazar. Lorsque, en avril 1974, le Mouvement des forces armées renverse la dictature à Lisbonne, il n'y a à Timor oriental, où règne l'analphabétisme, que trois médecins indigènes et 30 kilomètres de routes. Trois nouvelles formations, plutôt modérées, incarnent alors les destins possibles du territoire. L'U.D.T. (Union démocratique de Timor) est favorable à une autonomie en association avec le Portugal. L'A.S.D.T. (Association sociale-démocrate de Timor) veut l'indépendance ; comme l'U.D.T., elle regroupe des intellectuels catholiques que vont rejoindre des étudiants de retour du Portugal où ils ont été gagnés au maoïsme. C'est sous leur influence que l'A.S.D.T. va devenir le Fretilin (Front révolutionnaire pour l'indépendance de Timor est). Enfin, l'Apodeti (Association populaire démocratique de Timor), minoritaire, prône le rattachement à l'Indonésie et sera rejointe par deux groupuscules manipulés par Djakarta, Kota et Trabalhista.
Quelle est la position de l'Indonésie où le général Suharto a imposé un régime militaire depuis 1966 ? Les généraux de Suharto poussent à l'intégration de Timor oriental en invoquant le danger d'une « subversion marxiste » du Fretilin. L'Australie, soucieuse de maintenir de bonnes relations avec Djakarta, donne son feu vert.
En août 1975, alors que le Portugal se désengage précipitamment, l'U.D.T. tente de prendre le pouvoir par la force, déclenchant un affrontement qui fait 2 500 morts mais tourne en vingt jours à l'avantage du Fretilin. De plus en plus menacé par l'intervention indonésienne, celui-ci proclame, le 28 novembre 1975, l'indépendance de la République démocratique de Timor oriental.
La victoire communiste au Cambodge et au Vietnam en avril est encore dans tous les esprits. Le président américain, Gerald Ford, fait une visite officielle à Djakarta en décembre 1975 et, le lendemain de son départ, l'Indonésie envahit le « nouveau Cuba » : « appelées » selon Djakarta par l'U.D.T., l'Apodeti, Kota et Trabalhista, les troupes indonésiennes prennent avec une violence meurtrière Dili, capitale de Timor oriental. Les généraux indonésiens avaient escompté une victoire foudroyante, ils se heurtent à une résistance qui va les obliger à mener une guerre d'occupation prolongée. L'O.N.U. vote, le 12 décembre 1975, une résolution exigeant le retrait des forces indonésiennes de Timor oriental. Celle-ci reste lettre morte.
L'occupation indonésienne
Après une « consultation » arrangée, Timor oriental est proclamé vingt-septième province d'Indonésie en 1976. Le territoire est verrouillé, la répression militaire féroce : bombardements, regroupements forcés de population dans des camps où on laisse[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Françoise CAYRAC-BLANCHARD : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
- Frédéric DURAND : maître de conférences H.D.R. à l'université de Toulouse-II-Le-Mirail, membre du laboratoire Asie du Sud-Est, U.M.R. 8170
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
TIMOR ORIENTAL, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
DILI
- Écrit par Frédéric DURAND
- 360 mots
- 1 média
Dili, capitale de la République démocratique de Timor Leste ou Timor oriental, n'est pas une grande ville (175 000 hab. en 2004), comparée aux autres capitales asiatiques. Cela s'explique par la population totale du pays (1 080 000 hab. en 2008), mais aussi par une histoire tourmentée. Dili n'a été...
-
INDONÉSIE - L'Indonésie contemporaine
- Écrit par Romain BERTRAND , Françoise CAYRAC-BLANCHARD et Encyclopædia Universalis
- 17 753 mots
- 15 médias
...constitutionnel, qui prépara les nouvelles lois électorales. Celles-ci furent promulguées en janvier et février 1999. Habibie eut en outre à gérer la crise du Timor oriental. À peine ses fonctions prises, et afin de redorer le lustre diplomatique terni de l'Indonésie, il avait annoncé qu'il accepterait qu'y soit... -
NETTOYAGE ETHNIQUE
- Écrit par George J. ANDREOPOULOS
- 1 507 mots
- 2 médias
Tentative de créer des zones géographiques se caractérisant par leur homogénéité ethnique, au moyen de la déportation ou du déplacement forcé de personnes appartenant à des groupes ethniques définis. Le nettoyage ethnique entraîne parfois la suppression de toutes les marques physiques témoignant de...
-
O.N.U., PRINCIPALES INTERVENTIONS AU XXe siècle - (repères chronologiques)
- Écrit par Olivier COMPAGNON
- 404 mots
Août-octobre 1944 Réunis à Dumbarton Oaks, les États-Unis, l'URSS, la Chine et le Royaume-Uni affinent le projet, né l'année précédente, d'une organisation internationale destinée à garantir la paix.
26 juin 1945 Signature de la charte de San Francisco qui entérine la naissance...