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MODOTTI TINA (1896-1942)

Un engagement politique

Mains d'un montreur de marionnettes, T. Modotti - crédits : AKG-images

Mains d'un montreur de marionnettes, T. Modotti

Le départ de Weston, en 1925, l'immerge encore davantage dans les réalités du pays. Dans ses portraits d'enfants des rues, de paysans ou de sa servante Elisa, frontaux et émouvants, se lit sa compassion pour un peuple en souffrance. Sa fascination aussi. Ses photographies de figures de la vie quotidienne expriment sa sensibilité aux problèmes sociaux du Mexique des années 1920 : la pauvreté, la misère, les travaux pénibles. En 1926, Tina Modotti adhère au Parti communiste. La cause révolutionnaire qu'elle sert dorénavant doit nourrir son art – à moins que l'art ne doive, à son tour, nourrir la révolution. Jouant avec les formes de la propagande, Modotti compose ses images comme autant d'allégories – Cartouchière, maïs et faucille, Mains appuyées sur un outil (1927) ou Femme avec drapeau (1928) –, qui expriment les tréfonds de l'âme mexicaine. En 1929, parvenue à la maturité de son art, elle réalise un dernier reportage sur la beauté quotidienne et radieuse des Femmes de Tehuantepec et réalise une exposition, organisée par D. A. Siqueiros, à l'Université nationale autonome de Mexico.

La liberté d'une femme a un revers dévastateur en ce début de xxe siècle. Désignée par la presse et la rumeur comme dangereuse, impliquée dans des scandales politiques, libre de ses amours et de son corps (de ses conquêtes amoureuses, on retiendra le peintre muraliste et militant communiste, Xavier Guerrero, le jeune révolutionnaire cubain en exil à Mexico, Julio Antonio Mella, assassiné en 1929 alors que le couple se promène), Tina Modotti est victime d'un complot. Expulsée en 1930, elle se réfugie en Europe et renonce définitivement à la photographie. Activiste politique (elle travaille pour le Secours rouge, un organisme d'assistance aux militants persécutés) dans l'Union soviétique au moment des grandes purges de Staline, combattante communiste et agent secret pendant la guerre d'Espagne, elle réussit à retourner clandestinement au Mexique, où deux ans plus tard, le 5 janvier 1942, elle meurt d'une crise cardiaque de façon brutale et mystérieuse, seule dans un taxi.

— Martine RAVACHE

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • : journaliste et iconographe
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Mains d'un montreur de marionnettes, T. Modotti - crédits : AKG-images

Mains d'un montreur de marionnettes, T. Modotti