TINO DI CAMAINO (1280 env.-1337)
Originaire de Sienne, Tino était le fils d'un certain Camaino di Crescenzio di Diotisalvi. Il fut formé dans l'atelier de Giovanni Pisano auquel il succéda, en 1311, comme capomaestro (maître d'œuvre) de la cathédrale de Pise. En 1315, il reçut la commande du monument funéraire de l'empereur Henri VII, mais la part exacte qui lui revient dans ce tombeau, aujourd'hui démembré, reste discutée : paraît cependant de sa main la figure trônante d'Henri VII et de ses quatre conseillers qui formait peut-être à l'origine le couronnement de l'édicule. En 1319-1320, Tino est à Sienne et exécute pour la cathédrale le tombeau du cardinal Petroni, bel exemple de tombeau italien « à étages » (caryatides, sarcophage, gisant sur un lit de parade, entouré d'anges soulevant des courtines, et tout en haut des figures en ronde bosse abritées sous un dais) ; à Florence, il exécute les tombeaux de Gastone della Torre (Santa Croce), de Felice Aliotti (Santa Maria Novella) et de l'évêque Antonio d'Orso (cathédrale). Entre 1323 et 1325, Tino di Camaino quitte la Toscane pour Naples, sans doute appelé par Robert d'Anjou qui lui confie l'exécution du tombeau de sa mère Marie de Hongrie à Santa Maria Donna Regina (1324-1325). Il resta jusqu'à sa mort au service des princes angevins de Naples : tombeaux de Charles de Calabre (mort en 1328) à Santa Chiara, de sa veuve Marie de Valois (morte en 1331), également à Santa Chiara, et probablement celui de Philippe de Tarente à San Domenico Maggiore, qui est démembré. On attribue aussi à son atelier la série des bas-reliefs de la Vie de sainte Catherine, malheureusement très endommagés pendant la Seconde Guerre mondiale comme toutes les œuvres d'art de l'église Santa Chiara. Le caractère très pictural de ces compositions permet d'évoquer les rapports qui unirent Tino au peintre Pietro Lorenzetti (qui fut le tuteur de ses enfants) et à Giotto qui avait été un certain temps le peintre attitré de la cour de Naples. Le style de Tino, toujours très ample et monumental, parfois rude, exerça une influence profonde, tant à Florence qu'à Naples. Le type de monument funéraire qu'il avait sinon créé du moins perfectionné connut un succès durable dans toutes les cours princières italiennes du xive siècle.
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
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Médias