ROSSI TINO (1907-1983)
« Cinquante ans d'amour »... Le titre du dernier disque de Tino Rossi, paru en 1983, résume à la perfection la nature du rapport qui unissait le chanteur à son public – à ses publics, devrait-on dire, puisque Tino Rossi tint sous son charme au moins trois générations.
« Si tu veux réussir, conseillait Vincent Scotto à Tino Rossi, chante toujours l'amour. » Rossi, en suivant le précepte du compositeur qui a fait sa gloire, a su forger avec un rare bonheur l'image du chanteur de charme, à la jolie voix de ténor léger et au physique de séducteur latin.
La légende dorée de Tino Rossi prend naissance à Ajaccio, où le jeune Constantino (qui y a vu le jour le 29 avril 1907), comme tous les garçons du pays, pousse la romance, la nuit venue, sous le balcon des belles. Mais sa voix est particulièrement mélodieuse. Elle lui vaudra, alors qu'il fait son service militaire à Aix-en-Provence, de remporter un concours de chant pour amateurs. Un imprésario local, Petit Louis, le remarque... Pour Tino Rossi, les années de « vache enragée » seront brèves. Un premier disque chez Parlophone, en 1932 (O Ciuciarella), puis un passage au prestigieux Alcazar de Marseille le mènent à Paris, où Jean Bérard, directeur des disques Columbia, le prend sous contrat l'année suivante. Le Tango de Marilou est un premier succès que Tino chante à travers la France au cours d'une tournée dont les duettistes Gilles et Julien, ainsi que Damia, sont les vedettes. Celle que l'on appelle la « tragédienne de la chanson » prodigue de judicieux conseils à Tino Rossi, en lui vantant la nécessité d'une gestuelle scénique réduite à sa plus simple expression : il s'y tiendra, malgré les attaques de ses détracteurs, pendant toute sa carrière.
1934 marque ses débuts à Paris à l'ABC. Puis Henri Varna, qui monte « Parade de France », cette même année, au Casino de Paris, confie à Tino le « tableau corse ». En pantalon bouffant et chemise blanche, foulard rouge et bottes de gaucho, guitare à la main, Tino Rossi chante deux créations de Vincent Scotto : Ô Corse, île d'amour et Vieni vieni. C'est un triomphe qui porte ombrage au très populaire Georgius, vedette de la revue. Tino est définitivement adopté. Raimu, autre méridional célèbre, résume ainsi la situation : « Vous vous rendez compte, dit-il, Tino, il est beau, et en plus, il chante ! » Fait nouveau dans l'histoire de la chanson, Tino Rossi est devenu une vedette du disque avant de s'être imposé sur scène. Ses enregistrements se vendent désormais par dizaines de milliers (ce qui, à l'ère du 78 tours, est un record), tout comme, par la suite, ses microsillons atteindront des tirages de plusieurs millions. Un second spectacle au Casino de Paris, « Tout Paris chante » (1937), confirme une popularité que le cinéma s'est empressé d'exploiter. Marinella (1936), Au son des guitares et Naples au baiser de feu (1937) font de Tino une idole à part entière. Plusieurs dizaines d'autres films suivront.
À ceux qui lui reprochent sa facilité, Rossi peut montrer fièrement Fièvres (1942), un mélodrame attachant de Jean Delannoy, Le soleil a toujours raison (1943, dialogues de Jacques Prévert), Sérénade aux nuages (1946) d'André Cayatte, ou La Belle Meunière (1948) – où Marcel Pagnol fait de lui un très convaincant Schubert –, sans oublier son apparition en gondolier dans Si Versailles m'était conté (1954) de Sacha Guitry.
Mais Tino Rossi, comédien, se contente en général de véhiculer à l'écran son personnage de chanteur sympathique et de séducteur irrésistible, en prenant un minimum de distances avec la réalité. La majorité de ses films demeure avant tout un excellent banc d'essai pour des chansons appelées au plus grand succès, comme Marinella, Tchi tchi, et bien d'autres. C'est ainsi que [...]
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Écrit par
- Robert de LAROCHE : journaliste à Radio-Monte-Carlo
Classification
Autres références
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ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE
- Écrit par Serge ELHAÏK
- 7 929 mots
- 3 médias
...pour qui il arrange Les Roses blanches. Marcel Cariven (1894-1979) est un des plus prolifiques chefs d’orchestre-arrangeurs, notamment aux côtés de Tino Rossi (Marinella) ou Maurice Chevalier (Y’a d’la joie, un succès signé Charles Trenet pour la musique), développant en parallèle une fructueuse...